
Ses photos ont fait la Une des médias du monde entier. Mais avant cela, sa vie n’a été qu’une succession de malheurs avec notamment la mort de ses parents, tués par le régime de Bachar el-Assad. Karam Al-Masri a également été emprisonné par le groupe Etat islamique. Il y a quelques semaines, il signait ce témoignage émouvant dans lequel il racontait son histoire. Son titre : « Couvrir Alep, la peur au ventre et le ventre vide ». Karam a quitté son Alep natal et se trouve désormais dans un petit village non loin d’Idlib. Il livre en exclusivité un témoignage poignant à RFI.
(...) C’est vrai, j’ai pris des photos poignantes à Alep, mais les photos les plus fortes de ces quatre ou cinq dernières années ont été prises durant les derniers mois.
Ces photos ont été diffusées partout dans la presse. Parfois, elles créaient des réactions en chaîne extraordinaire, tout le monde en parlait... mais les Etats n’ont pas bougé. Ils n’ont pas été touchés par la souffrance des habitants d’Alep. En fait, ce qu’on avait au final, c’est ce que j’appelle la compassion des « Like ». Les gens passent leur temps à mettre des « j’aime » sur Facebook et Twitter. Voilà, c’est comme ça que les gens ont compati avec la misère des Syriens, mais aucun pays n’a bougé.
Vous en voulez aux gens ? Vous nous en voulez à nous tous, qui sommes restés spectateurs du conflit ?
Non. Les populations partout dans le monde ont fait de leur mieux. Ce sont les Etats qui sont restés immobiles. Les peuples du monde entier ont fait part de leur soutien. Des gens de différents pays m’ont appelé. Ils m’ont demandé comment ils pouvaient nous venir en aide. Je sais qu’ils ne peuvent pas faire davantage de toute façon. Je remercie tous ceux à travers la planète qui se sont tenus à nos côtés. Mais encore une fois, ce sont les Etats qui restent immobiles. Ils ferment les yeux sur la réalité. (...)