En vingt ans, la fréquentation des urgences a doublé, passant de 10 millions à 20 millions de passages aujourd’hui. Sans qu’il n’y ait deux fois plus de personnel ni deux fois plus de matériel. Et en été, la pression s’accentue plus encore. Une situation alarmante pour le docteur François Braun, président de Samu-Urgences de France, qui milite pour une réorganisation des urgences.
Le docteur François Braun veut voir diminuer cette saturation d’abord liée, selon lui, à un problème d’organisation globale du système de santé français. Actuellement, les urgences fonctionnent en flux tendu et le moindre déséquilibre peut entraîner des difficultés majeures.(...)
L’urgentiste tient pourtant à rassurer : en cas de catastrophe, avec un afflux massif mais ponctuel de blessés, les services ont la possibilité de s’adapter de façon extrêmement rapide. Ce qui est compliqué pour eux, c’est de prendre en charge l’augmentation continue des passages aux urgences, de l’ordre de 5% par an actuellement.(...)
Les praticiens attendent une réponse des politiques à ce dilemme alors que quatre à cinq patients sur dix qui se présentent aux urgences pourraient relever d’autres systèmes, dont la médecine générale. Mais comment impliquer les généralistes dans cette réorganisation ? (...)
Pour une réponse adaptée, il faudrait pouvoir maintenir des ouvertures de cabinets médicaux de médecine générale, comme des maisons médicales de garde, le soir et le week-end pour prendre en charge les malades "non programmés".
L’urgence, c’est toujours plus urgent pour soi que pour les autres : François Braun rappelle que nous sommes tous responsables de leur saturation et lance un mot d’ordre pour la réorganisation :
"Avant de vous déplacer, appelez la régulation médicale qui va vous donner la meilleure solution en fonction de l’heure, de l’endroit où vous êtes et de ce qui vous arrive."(...)
Alors que cette piste pourrait être retenue dans le plan santé qu’Emmanuel Macron doit présenter en septembre, l’urgentiste écarte celle d’un numéro d’appel d’urgence unique comme cela se fait en Angleterre. Dans les pays anglo-saxons, il n’y a pas de régulation. On envoie immédiatement une ambulance qui conduit le patient vers le service d’urgences le plus proche, quelque soit son plateau technique. C’est seulement une fois dans le service d’urgences qu’est effectué "le tri" entre les patients, avec une perte de temps, une perte de chance pour le malade. (...)