(...) Sur la place et du côté du “Parlement” devant la tombe du Soldat inconnu, le président fédéral de l’Allemagne a déposé une couronne, accompagné des officiels. Il a été accueilli par Adonis Georgiadis, funeste ministre de la Santé... transfusé comme on sait à la Nouvelle démocratie, depuis le parti LAOS de l’extrême droite.
Moments suspendus lors d’un geste alors désempli de son sens. Dommage. Adonis Georgiadis, la tête bien baissée et au regard plutôt accablé suivait Joachim Gauck, telles furent nos impressions car nous étions une petite centaine de personnes à observer la cérémonie dans tout son théâtre. (...)
Les ressortissants allemands venus assez nombreux, étaient incontestablement les seules êtres au comportement alors... normal et insouciant. Car saluer son président c’est un comportement à nos yeux déjà issu de l’ancien temps car relevant des coutumes de l’avant-crise.
Les Grecs donc... en autochtones, ont plutôt ironisé gentiment, tandis que seule une femme âgée, juste de passage derrière l’attroupement s’est mise aussitôt à hurlé : “Traitres salauds, honte et encore honte, vous avez bousillé le pays” tandis qu’un homme exprima aussi de manière bien audible son humour alors moqueur : “Eh, président, donne-nous cinq euros !” provoquant enfin le rire de tous, et du... côté grec. (...)
L’initiative si l’on veut de la crise en Ukraine, revient incontestablement aux pays occidentaux, États-Unis et Allemagne d’abord, dans une tentative d’encerclement de la Russie, ni plus ni moins. Et ainsi en Grèce, toute cette propagande sur “la préoccupation des dirigeants occidentaux quant à l’intégrité de l’Ukraine et à la démocratie” ne passe absolument pas. (...)
Comme le remarque de son côté Jacques Sapir sur son blog (russeurope.hypotheses.org/2062) : “Du point de vue des principes, la position des États-Unis mais aussi de l’Union Européenne, ne tient pas. Le Président Obama, le Président de la Commission, et M. Barroso, disent qu’un référendum sur l’indépendance est illégal. Il ne l’est que si l’on se situe dans le cadre d’un retour aux accords du 21 février. À partir du moment où l’on se situe dans le cadre d’un processus révolutionnaire, où l’on considère qu’il y a eu un acte fondateur avec la constitution du gouvernement provisoire, cela implique que tous les acteurs de la société ukrainienne sont également libérés des contraintes constitutionnelles de l’ancien régime. De même, la décision du nouveau gouvernement de signer au plus vite le traité avec l’Union Européenne implique que ce gouvernement s’est affranchi des règles anciennes ; sinon il devrait attendre la tenue des nouvelles élections. Mais, si l’on considère alors que ces anciennes règles ne sont plus, cela est vrai aussi pour le gouvernement de la Crimée. En tout état de cause, on ne peut appliquer un principe de droit à Kiev et un autre à Simféropol !”
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Pour ce qui est de la gauche grecque (et même pour la majorité désormais de l’opinion publique), la politique de l’UE est perçue comme étant une figure de nouveau “nazisme”, il n’y qu’à observer les symboliques en usage à partir du site internet du parti du Plan-B par exemple.
Car pour les Grecs plus généralement déjà, l’UE et sa Troïka forment d’abord cette junte de l’extérieur liée à celle (“Parlementaire”) de l’intérieur, une entreprise initiatrice d’un génocide économique jamais pratiqué de la sorte, notamment par la destruction brutale de l’État de droit et des droits des travailleurs, l’effondrement de la Santé publique (un tiers presque de la population se trouve désormais sans couverture de type Sécurité Sociale), la surimposition des paupérisés et la destruction délibéré du tissu économique du pays. La fin des existences par une Europe prétendument inexistante. (...)
Il y a les faits, les gestes, les conséquences d’une politique, le contrôle du pays par les créanciers internationaux et par les mécanismes institutionnels et informels des centres de pouvoir allemands (...)
la suppression administrative des départements “structure désuète” d’après les propagandistes du “new age” européiste (comme par exemple en France, depuis un certain temps), n’est guère qu’une question prétendument “d’aménagement du territoire et de modernisation”, mais principalement, une entreprise de démolition de ce qui reste des souverainetés nationales et populaires (et par la même occasion des démocraties, même “bourgeoises”), au profit du pilotage automatique depuis l’incontrôlable “au-delà” des dits marchés. (...)
La semaine athénienne s’achève sous la pluie, maintenant que le président fédéral d’Allemagne est parti et que la Troïka demeure, lorsqu’en plus, la pluie et le froid sont de retour et les athéniens se trouvent confinés dans une seule pièce de leurs appartements par manque de chauffage. Les radios et les télévisions nous rapportent alors les nouvelles qui ne seront plus d’aucune surprise : parmi les dernières exigences de la Troïka, il faut “libéraliser les licenciements collectifs et encadrer le droit de grève”. Déjà, les cas “d’anthropophagie” et de petitesse de toute sorte se multiplient entre humains chez nous sur les lieux-dits de travail, vivre sous un univers concentrationnaire de... type II, n’arrange pas les êtres. (...)
Les saisies se pratiquent en ce moment par milliers, ceux qui sont devenus insolvables envers “notre” État économiquement génocidaire et/ou les banques, perdent alors leur ultime ancrage à la destinée sociale, leur demeure. En même temps, les sans-abris... enteront dans une nouvelle catégorie fiscale, et il leur sera exigé un certain impôt, pour qu’ils puissent ainsi recensés, continuer d’avoir accès, à la distribution de l’aide alimentaire par exemple (hebdomadaire “To Choni” du 9 mars).
Décidément, l’avènement du nouveau monde se pratique au bistouri social et si besoin, géopolitique. Et même si l’Allemagne ne serait pas celle d’un prétendu 4ème Reich, elle participe (en étant la partie bien trop visible de l’iceberg), de cette emprise sans précédant, de la financiocratie sur les sociétés et “leurs” régimes politiques. En Europe, le temps des fantômes et des naufrages est de retour. Hanse germanique ou... banquise bancaire ?