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La Banque postale est-elle vraiment une « banque citoyenne » ?
Article mis en ligne le 9 février 2013
dernière modification le 7 février 2013

Elle est la banque la moins chère du marché. Celle qui permet aux populations modestes d’accéder à des services bancaires essentiels. Une « banque citoyenne » assure la campagne publicitaire. Pour combien de temps ? De discrets changements en nouvelles offres, l’enseigne jaune et bleue évolue. Crédit revolving, refus de clients jugés non solvables, vente de produits d’assurance ou de téléphonie mobile... Une tendance lourde qui inquiète syndicats et clients. Où va la Banque Postale ?

(...) Il y a trois ans, le PDG de La Poste l’avait juré, promis : jamais la Banque Postale ne verserait dans le crédit revolving. « Nous ne proposerons pas de crédit renouvelable afin de ne pas pousser à l’endettement », assurait Jean-Paul Bailly. C’était le 25 novembre 2009 devant l’Assemblée Nationale. Octobre 2012, la même Banque Postale lance en toute discrétion le « service anti-dépassement », un crédit renouvelable aux antipodes de son image de proximité et d’accessibilité. En trois années, la Banque Postale a changé de cap. (...)

Banque publique créée le 1er janvier 2006, filiale à 100 % de La Poste, la Banque Postale est investie d’une mission d’accessibilité bancaire : la loi l’oblige à ouvrir un livret A à toute personne qui en fait la demande. (...)

La Banque Postale a engagé « une stratégie de la cupidité qui dénature sa mission première », estime le syndicaliste Nicolas Galepides (Sud-PTT). Et d’énumérer les changements qui témoignent d’une réorientation des priorités internes. Courant 2012, le retrait dans un autre distributeur que ceux de la Banque Postale est devenu payant à partir du sixième. Une pratique habituelle, mais pas à la Banque Postale. En septembre, la possibilité de reporter ses achats au début du mois suivant – un service qui coûte 5,50 euros par mois – est légèrement modifiée : la date du débit différé passe du 5 du mois suivant au 28 du mois en cours.
(...)

Quelques jours de différence qui suffisent à provoquer des découverts les deux ou trois derniers jours du mois. « La Banque Postale l’avait d’ailleurs anticipé : une liste de 10 000 clients potentiellement mis à découvert par ce changement a été envoyée par le service informatique aux centres financiers, lors de la mise en place de cette mesure », explique Nicolas Galepides. (...)

Dernier changement, parvenu noir sur blanc dans les agences : facturer systématiquement toutes les opérations qui passaient jusque-là sans frais. (...)

6 septembre 2012, conférence de rentrée de la Banque Postale. Le patron aux dents longues déclare aux journalistes : « Je le dis à mes clients, comme aux syndicats : la gratuité, c’est l’ennemi du service public ! Comme les autres, nous devons faire du chiffre d’affaires ! » Exit le leitmotiv de « la banque pas comme les autres »... (...)

Sur ces dérives, la Banque Postale est tenue à l’œil par le secteur associatif. Le lancement du crédit renouvelable a fait grincer des dents chez les organismes engagés dans la lutte contre l’exclusion bancaire. « Nous serons très attentifs aux profils des clients à qui sera accordé ce crédit renouvelable », pointe Fabien Tocqué, responsable de l’inclusion bancaire à la Croix Rouge. (...)

Sur le terrain, les bénévoles qui encadrent les populations fragiles dans leurs démarches bancaires font part de la même inquiétude. Laure Labrosse, qui accompagne des clients roms en Seine Saint Denis, le constate tous les jours en guichet. « Ça reste la banque des pauvres, mais on sent que ce n’est plus leur priorité. Et si la Banque Postale abandonne ce rôle, il n’y aura plus de service public pour les clients fragiles. » A l’heure de la pseudo réforme bancaire prônée par le gouvernement, l’évolution de La Banque postale, 100% publique, laisse pantois.