Partis de Dakar, Mamadou Saydou et Ibrahima Dialo, deux jeunes Guinéens, arrivent au port de Marseille le 10 janvier.
Ils ont quitté le Sénégal à bord d’une pirogue, avant de trouver refuge sur un bateau plus robuste, en direction de l’Europe. Vingt-cinq jours d’un périple épuisant avant d’apercevoir la Bonne Mère…
À leur arrivée à Marseille, la police aux frontières les fait descendre à terre quelques heures, mais refuse d’enregistrer leur demande d’asile.
Ils auraient dû pouvoir rester au moins vingt-quatre heures en zone d’attente, ce no man’s land où l’on parque les migrants qu’on refuse de voir fouler le sol national avant de les présenter devant un juge ou de les remettre qui dans un avion, qui dans un bateau. Mais ce droit leur a été refusé.
À la fin de cette journée, où leur rêve d’Eldorado est à peine effleuré et le sol européen à peine foulé, on les contraint à monter sur un bateau qui les ramènera vers le ventre de l’Atlantique. Leur dernière chance de franchir l’enceinte de la forteresse Europe est de se jeter à l’eau pour tenter de rejoindre les côtes françaises à la nage. Un seul d’entre eux y parviendra…
Mamadou Saydou est mort parce qu’il cherchait désespérément la protection de la France et alors qu’il était sous la responsabilité des autorités françaises. Aucun secours ne lui a été porté. L’épuisement et le froid ont eu raison de lui : son corps sera retrouvé le lendemain.
Son compagnon survivant, Ibrahima Dialo, connaît pendant trois jours les geôles du centre de rétention administrative du Canet avant que sa demande d’admission sur le territoire au titre de l’asile soit acceptée.
La gendarmerie maritime est chargée d’enquêter sur ces pratiques expéditives et contraires au respect des droits de l’homme, malheureusement trop courantes… Mais une chape de silence s’est déjà refermée sur la mort du jeune homme. (...)
Passé l’émotion suscitée par ce tragique événement, le gouvernement ne questionne nullement la responsabilité des mesures sécuritaires dans ces drames. Au contraire, les mesures répressives continuent avec la prétention de sauver des vies…
Mamadou est une de ces victimes silencieuses des murs virtuels, mais ô combien infranchissables, érigés autour de l’Europe, cette forteresse prête à tout, y compris à tuer pour se « protéger » de ces migrants qui viendraient corrompre la pureté européenne, profiter de nos systèmes sociaux et bouffer notre pain !