
Mona Chollet, journaliste au Monde diplomatique et auteure, était à La Machine à Lire le 5 mars pour présenter son nouveau livre, « Sorcières, la puissance invaincue des femmes ». Dans ses recherches, elle a découvert des chasses aux sorcières empreintes de misogynie et des clichés qui perdurent encore aujourd’hui sur ces femmes sacrifiées.
C’est dans une Machine à Lire comble que la journaliste Mona Chollet a fait son apparition. Quelques dizaines de personnes attendaient même devant la librairie pour écouter le discours de l’invitée. À l’intérieur, plus aucune place de libre, certains s’adjugent même le sol pour s’installer. Le sujet du jour, les sorcières. Ces femmes qui durant des siècles ont été pourchassées puis souvent emmurées ou brûlées vives sont aujourd’hui au cœur d’un mouvement de réhabilitation. (...)
Ce mouvement, le livre de Mona Chollet en fait partie. Qui étaient ces femmes ? De quoi les accusait-on ? « On associe très souvent les sorcières au Moyen âge, mais en réalité, la majeure partie des bûchers ont débuté autour de 1550 », explique-t-elle. Un paradoxe, dans une époque tournée de plus en plus vers les Lumières et l’évolution de la pensée philosophique.
Dans la région, les chasses aux sorcières étaient très importantes dans le Pays basque notamment. À Bordeaux, elles étaient brûlées place Saint-Pierre. (...)
Des clichés persistants encore aujourd’hui
L’image des sorcières de l’époque sert aujourd’hui à définir les « vieilles filles », les femmes célibataires. « Il y a une véritable peur de la femme célibataire. Comme si elle était une menace pour la société, et que les hommes devaient protéger un pouvoir patriarcal », analyse Mona Chollet. Un exemple criant de vérité : la « vieille fille à chats », un mythe qui évoque les chats des sorcières, souvent brûlés au bûcher avec leur propriétaire. Là encore, des femmes vues comme pathétiques qui suscitent la frayeur parmi la population. (...)
Mais la misogynie n’est pas seule. L’antisémitisme se dresse également en toile de fond dans les représentations (...)
Un travail de mémoire et de réhabilitation
Plusieurs initiatives voient le jour pour rendre hommage à ces femmes tuées dans l’indifférence générale, accusées d’être les complices du diable. Un musée en Norvège existe pour évoquer cette période et accomplir un travail historique. Mais il y a encore beaucoup de zones d’ombres, et de nombreuses archives à explorer. Récemment, la dernière femme décapitée en Suisse au XVIIIe siècle pour sorcellerie a été réhabilitée. Une victoire pour Mona Chollet, franco-suisse. (...)