Le premier ministre autrichien vient d’annoncer aujourd’hui au nom des 11 ministres des finances européens la mise en place d’une taxe sur les transactions financières « au plus tard le 1er janvier 2016 ».
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L‘empressement soudain pour boucler, avant les élections européennes, un dossier qui traîne depuis la première proposition de la Commission en 2011, mérite qu’on regarde de plus près cette grande annonce. Car que reste-t-il de la fameuse taxe « Robin des bois » qui devait arrêter net la spéculation et donner aux Etats les moyens budgétaires qu’ils avaient perdus à cause de l’évasion et de la concurrence fiscale ? Rien.
Véritable serpent de mer du débat européen, une Taxe sur les transactions financières, même réduite, semblait cette fois-ci proche : la crise actuelle et le développement des plateformes de trading à haute-fréquence appelaient à une régulation ; la faiblesse du budget européen à de nouvelles ressources pour compenser les coupes effectuées dans les fonds de solidarité.
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Après un premier rejet en septembre 2011, la Commission, soutenue par le Parlement, propose aux 11 Etats volontaires une ponction ridicule de 0,1% sur les actions et 0,01% sur les dérivés d’actions (des produits financiers complexes qui se basent sur la cotation des actions). Cette aumône devait tout de même permettre la levée de 35 milliards d’euros, tant les flux financiers sont importants. Une somme bienvenue lorsque l’on songe qu’il a fallu batailler 3 années pour obtenir 500 millions d’euros pour l’aide alimentaire.
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Mais au gré des négociations, l’ampleur de cette taxe a progressivement été réduite, d’abord en s’attaquant à son taux, ensuite aux produits qu’elle couvre. Pour preuve : les 11 ministres des finances européens, dont M. Sapin, nous annoncent fièrement une taxe sur les transactions financières, mais sans en préciser le taux. Ils nous expliquent juste que l’affaire est tellement compliquée qu’elle sera mise en place en deux temps. Le premier étant donc le 1er janvier 2016. (...)
Le projet de cette taxe telle qu’il est n’est donc rien de plus qu’un peu de poudre aux yeux lancée par les prestidigitateurs de la finance. (...)