L’Union internationale des éditeurs (UIE, IPA en VO, pour International Publishers Association) souhaitait récompenser les éditeurs qui se battent contre la censure et défendent la liberté de publier dans leur pays, avec le Prix Voltaire. Celui-ci a été décerné à Turhan Günay, éditeur au sein de la maison Cumhuriyet Books, et à la maison d’édition Evrensel, qui officient tous deux en Turquie.
Le Prix Voltaire 2017 salue donc le travail de deux éditeurs : Turhan Günay, tout d’abord, un des responsables de la maison d’édition Cumhuriyet Books, une filiale du journal Cumhuriyet, et directeur de la publication du supplément littéraire du même journal.
Rappelons que le journal Cumhuriyet, justement, est dans la ligne de mire du pouvoir turc, qui considère que les articles publiés sur le conflit entre le gouvernement Erdogan et le peuple kurde équivalent à un soutien apporté à ces derniers, et donc à un motif de répression autoritaire. En novembre 2016, Günay et 10 de ses collègues avaient été arrêtés, soupçonnés de soutenir une mouvance terroriste kurde.
Leur procès, très suivi par les organisations internationales, y compris l’UIE, s’était ouvert le 24 juillet dernier après 9 mois de détention. Parmi les accusés, 7 ont été libérés, dont Günay.
La maison d’édition Evrensel a elle aussi été la cible du président turc Erdogan : après le coup d’État manqué contre le pouvoir turc en juillet 2016, Evrensel avait fait partie des maisons d’édition fermée par le pouvoir, comme sa maison-mère Doga Basin Yayin, sur la base de soupçons de liens avec des organisations kurdes, à nouveau. Les comptes de la maison avaient été gelés, mettant en danger la poursuite de son activité.
Evrensel, qui signifie « universel » en turc, publie des livres en turc, kurde, arménien, araméen et en arabe.
Évidemment, la remise du prix témoigne aussi de soutien de l’IPA/UIE aux éditeurs menacés d’exercer librement leur métier dans leur pays. (...)