Une équipe de chercheurs japonais travaillant sur les cellules souches vient de recevoir l’accord de l’état pour amorcer les premiers essais de croissance à terme de cellules humaines au sein d’embryons d’animaux. Avec pour objectif final la transplantation d’organes. N’y a-t-il qu’un pas entre la recherche sur les cellules souches et ces expériences ? Plutôt deux : l’un est d’ordre scientifique, l’autre éthique.
deux grosses barrières restent présentes : la réussite peu probable de leurs expériences - malgré l’engouement - et les questionnements éthiques que posent de telles études.
Un ambitieux projet
Ce n’est pas la première fois que ce type d’expérience va être mené. Les embryons hybrides humains-animaux ont déjà été créés aux États-Unis, par exemple. Mais ici, les chercheurs envisagent de les faire croître jusqu’au terme de leur développement et c’est bien cela qui est inédit. Cependant, le Dr Nakauchi souhaite procéder lentement et ne compte pas faire croître des embryons hybrides à terme pour l’instant. (...)
Si c’est une réussite, il demandera l’autorisation au gouvernement japonais de poursuivre ses essais sur des cochons pendant 70 jours. Cependant, des essais plus petits et donc non poussés jusqu’à leurs termes ont déjà échoué sur des moutons, ce qui pose question quant à la pertinence des expériences futures.
Des embryons humains-animaux : un questionnement éthique
Qui dit expérience inédite et délicate dit problèmes éthiques. En effet, les chercheurs en bioéthique suivent le sujet de très près et ont déjà soulevé nombre de points à ne pas omettre tels que prendre garde à ce que le développement d’un organe cible ne se transforme pas en une altération totale du fonctionnement de l’organisme de l’animal. De plus, certaines espèces d’animaux sont si éloignées de nous que cela n’aurait aucun sens de leur injecter des cellules pluripotentes : elles seraient éliminées aussitôt à cause de la distance génétique qui nous sépare de ces espèces.
À cela, le Dr Nakauchi répond que lui et son équipe sont capables de cibler la création d’un seul organe grâce à de la manipulation génétique. Concernant l’autre mise en garde, il avance que le gouvernement japonais lui fait confiance pour s’attaquer aux problèmes.
Néanmoins, cela peut, une fois de plus, nous faire réfléchir sur les rapports que nous entretenons avec les animaux ainsi qu’à leur évolution. Sans faire l’apologie du véganisme, on peut se poser la question des conséquences de nos actes, lorsqu’on se sert d’êtres sensibles - avec une probabilité non nulle qu’il soit doté d’une certaine forme de conscience - comme d’objets. Que ce soit pour nous nourrir sans les respecter à leur juste valeur, pour des expériences scientifiques parfois farfelues ou bien ici en tant que potentielles futures machines à fabriquer des organes. (...)