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Le Monde
Le régime syrien doit rendre des comptes
#BacharElAssad #syrie #repression
Article mis en ligne le 9 avril 2023
dernière modification le 7 avril 2023

La décision de renvoyer devant une cour d’assises française trois responsables syriens impliqués dans la répression du « printemps arabe » de 2011 en Syrie est une annonce qu’il faut saluer car elle oppose à la tentation de l’oubli l’impératif de justice.

L’annonce, le 4 avril, du renvoi devant une cour d’assises française de trois responsables du régime syrien impliqués dans la répression du soulèvement civique né pendant les « printemps arabes » de 2011 ne peut qu’être saluée. Ces trois hommes sont poursuivis pour la mort de deux ressortissants franco-syriens, un père et son fils, dans l’enfer des geôles syriennes, sans que l’on ait jamais su pourquoi ils avaient été arrêtés, ni les causes de leur décès. Cette décision oppose à la tentation de l’oubli l’impératif de justice.

Ce procès, une première en France, concerne des hommes-clés de l’appareil répressif syrien, accusés de complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Il s’agit d’Ali Mamlouk, le principal responsable des services de renseignement et proche conseiller de Bachar Al-Assad, de Jamil Hassan, ancien directeur des services de renseignement de l’armée de l’air, et d’Abdel Salam Mahmoud, l’un de ses subalternes.

Leur procès devrait se tenir par défaut. Il constitue pourtant un message clair à un régime qui a toujours considéré l’impunité comme un principe. Dans un Moyen-Orient où les droits humains ne cessent d’être piétinés, la Syrie occupe une place à part. La dynastie Assad s’y est distinguée depuis son avènement par le choix d’une brutalité presque sans limites contre les oppositions intérieures auxquelles elle a été confrontée. (...)

Cette répression a échappé à la chape de plomb du silence grâce au courage de transfuges, comme l’ancien photographe légiste de la police militaire, connu sous le pseudonyme de « César », et aux témoignages de rescapés des massacres perpétrés dans les prisons syriennes. Ils ont déjà permis, en 2022, la condamnation à la perpétuité en Allemagne d’un ancien responsable des services de renseignement également accusé de crimes contre l’humanité, notamment torture, viol et meurtre
de détenus. D’autres procès, comme celui prévu en France, pourraient suivre. (...)

Devenu le client de ses soutiens iraniens et russes, qui ont forgé sur le sol syrien un partenariat militaire aujourd’hui destructeur en Ukraine, agrippé aux ruines qui constituent pour l’heure son unique legs devant l’histoire, Bachar Al-Assad doit rendre des comptes pour le naufrage du pays dont il avait hérité.