
Pourquoi les salariés souffrent-ils de l’innovation ?
Ces derniers mois, le stress au travail, conduisant parfois au suicide des salariés, a fait la une des médias. On sait que cette situation inquiétante découle des nouvelles formes d’organisation du travail, fondées sur une surexploitation du travail, qui sont elles-mêmes la conséquence directe des exigences excessives de rendement du capitalisme actuel, dominé par la finance. Mais pour comprendre l’écart existant entre les discours sur l’organisation moderne du travail et cette violente réalité, il faut analyser plus en amont les véritables relations entre la finance et l’économie, et plus particulièrement l’économie du savoir, parfois qualifiée de nouvelle économie.
loin d’être univoques et vertueuses, les relations entre finance et connaissance sont en réalité équivoques et complexes. Ainsi la Bourse et les droits de propriété intellectuelle répondent aux besoins du capitalisme moderne fondé sur l’exploitation de la connaissance, tout en exerçant des effets destructeurs sur celui-ci. Les récents développements de la crise des subprimes illustrent bien les rapports ambivalents qu’entretiennent la finance et la connaissance dans le capitalisme contemporain. Dans le secteur des biotechnologies, qui constitue l’un des secteurs clés de cette nouvelle économie de la connaissance, les entreprises doivent lever des capitaux tous les deux ou trois ans et ne peuvent espérer diffuser un nouveau produit avant dix ans de recherche. La finance a permis de lancer ces innovations durant les années 2000 grâce à l’augmentation du nombre de sociétés cotées en Bourse. Mais, depuis la crise des subprimes, le secteur des biotechnologies est mis en péril par les dérèglements de la finance. En France, on a assisté depuis 2007 à une chute brutale des levées de capitaux en Bourse ainsi que des investissements dans les biotechnologies. Plus inquiétant encore, ce sont les start-up, porteuses de projets innovants pour demain, qui sont les plus frappées par la crise financière.
L’emprise croissante de la finance s’exerce aussi sur les nouvelles formes de division du travail....