La Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement (CAD-Mali) s’investit depuis plusieurs années dans la compréhension des processus d’endettement des pays appauvris et la lutte pour l’annulation des dettes des pays du Tiers Monde.
Dans ce sens, elle bénéficie de l’accompagnement des partenaires comme CADTM Belgique, OXFAM Novib dont les appuis permettent de mettre en œuvre le programme triennal 2012-2014 « Actions citoyennes de construction d’opinions publiques, d’alternatives et de mobilisations populaires contre les endettements et les violations des droits humains ». La lutte contre les endettements ne peut être effective sans des capacités d’analyse et de revendication de haut niveau. Lutter contre les dettes illégitimes et odieuses commence par l’audit desdites dettes. C’est en cela que prend tout le sens du combat de la CAD-Mali.
Il est connu, les organisations de la société civile se sont engagées mais de façon disparate sur la problématique de suivi et plaidoyer politique sur les questions d’endettement. Le niveau actuel de conditions de vie des populations africaines recommande de revoir en urgence les stratégies de lutte ; des stratégies de lutte qui commencent par la construction de consciences collectives. (...)
Plusieurs écrits d’activistes expérimentés témoignent du chaos que vivent les populations appauvries. Il suffit de lire « Banque mondiale, le coup d’Etat permanent », de Éric Toussaint disponible à la bibliothèque de la CAD-Mali. On retiendra la note de Global Finance Integrity et de la Banque Africaine de Développement qui estime « la fuite illicite des capitaux entre 1970 et 2008 à plus de 1000 milliards de dollars rien que pour les pays africains. Cela représente environ 4 fois le montant de la dette de l’Afrique et 56% de son PIB en 2008 ».
Cette situation d’endettement est aggravée par le fait que les taux d’intérêt sont variables, indexés au taux du dollar américain qui, comme on le sait, depuis 1971, a augmenté brusquement et unilatéralement provoquant un accroissement des intérêts et donc des montants des dettes.
Des pays souffrant dans le gouffre de la dette ont relevé des défis de non paiement donnant ainsi l’exemple à suivre : il y a le cas de l’Équateur où un audit avec la participation des syndicats, des OSC, OSC femmes, réseaux internationaux, a entrainé l’annulation de 8 milliards de dollar faisant chuter le montant de remboursement de la dette tandis que la courbe d’investissement dans les services sociaux a augmenté.
Aujourd’hui des institutions internationales sont obligées de reconnaître l’ampleur du désastre. (...)
Il est à retenir aussi qu’un État a le droit de suspendre le paiement de la dette quand les droits humains sont menacés par ce paiement sachant que le droit des peuples l’emporte sur celui des créanciers comme le dit le droit international. (...)
La lutte s’impose à la société civile car « il n’y aura jamais de victoire sans lutte car jamais personne ne vous donnera rien gratuitement, surtout pas les fruits d’une lutte pour une vie », (Norbert Zongo, journaliste), étant donné que « toute aide qui n’aide pas à se passer d’elle est à rejeter ». Ahmed Sékou Touré
Pendant le combat contre les dettes, la prudence doit être de mise car en effet, même quand on suspend le paiement d’une dette, l’intérêt continue donc il faut suspendre le paiement et faire un gel des intérêts et la décision doit venir du pays débiteur au lieu du créancier qui renforcerait son emprise sur le pays avec de nouvelles conditionnalités et le maintien du paiement des intérêts.
Les acteurs d’un audit citoyen doivent construire un argumentaire très solide en vue de contrecarrer les accusations illégitimes venant des pays et institutions prêteurs.
La lutte pour l’annulation de la dette ne doit pas être conduite seulement sur le plan des droits mais aussi un combat politique (vote sanction, contrôle citoyen...). (...)