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En Allemagne, Berlin suspend un programme de réinstallation de réfugiés pourtant novateur
#Allemagne #immigration
Article mis en ligne le 7 décembre 2025
dernière modification le 5 décembre 2025

Le programme de parrainage pour l’accueil de réfugiés NesT s’arrête après seulement sept ans. La suspension de cette approche d’intégration innovante s’inscrit dans le durcissement de la position de l’Allemagne en matière d’immigration et d’asile.

Un dernier vol de réinstallation prévu

Cette famille a été la dernière à arriver via le programme NesT avant que les vols de réinstallation ne soient suspendus en mai dernier par le gouvernement de coalition du chancelier conservateur Frierich Merz.

Des programmes d’accueil fédéraux ont également été touchés, notamment celui qui visait à faire venir en Allemagne des Afghans en danger sous le régime taliban.

La suspension abrupte de ces programmes a donné lieu à une série de recours juridiques en Allemagne.

Le 29 octobre, un tribunal administratif de Berlin-Brandebourg a conclu que l’Allemagne était tenue de faciliter l’entrée sur son territoire d’une femme sud-soudanaise et de sa famille qui devaient prendre un vol le 8 mai depuis le Kenya.

Ce vol, censé initialement transporter quelque 180 réfugiés de Somalie, du Soudan et de la République démocratique du Congo, avait été subitement annulé deux jours seulement avant son départ. Une famille participant au programme NesT devait voyager à bord de ce vol. (...)

Un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur a confirmé à InfoMigrants que le vol charter aura bien lieu. Selon un autre responsable du ministère, qui s’est exprimé lors d’une conférence à Berlin le mois dernier, des efforts sont actuellement déployés pour organiser le vol avant la fin de l’année.

Le 18 novembre, des membres de NesT ont remis au Parlement à Berlin une pétition en faveur de ce vol, qui a réuni pas loin de 100 000 signatures. (...)

Comment fonctionnait NesT ?

Inspiré d’un programme canadien, NesT est l’une des 16 initiatives de parrainage qui ont vu le jour en Europe et en Australie ces dix dernières années. Après une phase de test en Allemagne en 2019, NesT est devenu un programme d’admission régulier en 2023, coordonné entre autres par le ministère allemand de l’Intérieur, l’Office fédéral pour les migrations et les réfugiés (BAMF), mais aussi des partenaires de la société civile et l’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR. (...)

Dans le cadre du programme NesT, les réfugiés sélectionnés pour être réinstallés en Allemagne sont mis en relation avec des groupes de parrainage. Les mentors réunis dans ces groupes s’engagent à trouver et à prendre en charge les frais de logement pendant un an et à aider les réfugiés dans leurs démarches administratives, comme l’inscription des enfants à l’école, l’inscription aux cours d’allemand et la recherche d’un emploi.

Depuis sa création, 186 réfugiés sont arrivés dans le cadre du NesT avec l’appui de 43 groupes de parrainage.

NesT continuera à soutenir les groupes existants jusqu’à la fin de l’année et l’arrivée de la dernière famille en décembre, avant de s’arrêter. (...)

Bien que NesT soit salué pour ses résultats en matière d’intégration, le programme a eu du mal à suivre le rythme.

Une étude menée dans le cadre de NesT a mis en lumière la difficulté à trouver suffisamment de groupes de parrainage.

Ces dernières années, la pandémie de Covid-19 et l’arrivée de plus d’un million de réfugiés ukrainiens en Allemagne ont joué un rôle important.

Aussi, selon une évaluation du BAMF, "les principaux défis auxquels les mentors sont confrontés sont la recherche et le financement d’un logement, en particulier dans le contexte d’un marché immobilier saturé. Un autre défi est la période d’attente relativement longue entre la demande et l’arrivée effective des réfugiés". Or, lorsque "les mentors parviennent à trouver un logement, la longue période d’attente avant l’arrivée des réfugiés fait souvent que le logement reste inoccupé pendant un certain temps".

Une réussite pour tous ceux qui y ont participé (...)