La « fosse commune » où 15 secouristes ont été retrouvés à Rafah après des tirs israéliens sur des ambulances, met en lumière la « guerre sans limite » menée par Israël à Gaza, a dénoncé mercredi 2 avril Jonathan Whittall, le responsable du Bureau des opérations humanitaires de l’ONU (Ocha) dans les territoires palestiniens.
Le récit de Jonathan Whittall
« J’ai décidé de ne pas mâcher mes mots », a lancé par vidéo depuis Gaza Jonathan Whittall, qui a participé il y a quelques jours à la mission ayant permis de découvrir dans ce qu’il a qualifié de « fosse commune », les corps de 15 secouristes, dont huit du Croissant-Rouge palestinien et un de l’ONU.
« Une expérience choquante pour nous », de voir ces secouristes « toujours dans leurs uniformes, avec leurs gants, tués alors qu’ils tentaient de sauver des vies », a raconté le responsable du Bureau des opérations humanitaires de l’ONU (Ocha) dans les territoires palestiniens. « Les ambulances ont été touchées une par une », a-t-il détaillé, décrivant les véhicules détruits à côté de cette « fosse commune ». (...)
« Je commence par ce cas parce que je pense qu’il est très emblématique du point que nous avons atteint à Gaza : ce qui se passe ici défie la décence, défie l’humanité, défie la loi. C’est vraiment une guerre sans limite », a lancé Jonathan Whittall. « Quand le cessez-le-feu tenait, nous pouvions livrer de l’aide (...). Maintenant, nous collectons les corps de secouristes. » (...)
« La situation humanitaire devient hors de contrôle »
En raison notamment des ordres d’évacuation, désormais « 64% de Gaza n’est pas accessible à la population », a noté le responsable onusien, précisant que quelque 200 000 personnes ont été « re-déplacées » depuis la fin du cessez-le-feu, dont environ 100 000 ces derniers jours à Rafah.
Et alors qu’Israël a mis un coup d’arrêt à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza le 2 mars, « la situation humanitaire devient hors de contrôle », a-t-il insisté, notant que les 25 boulangeries gérées par le Programme alimentaire mondial de l’ONU étaient toutes fermées depuis mardi.
« C’est une boucle sans fin de sang, de souffrance et de mort. Gaza est devenu un piège mortel », a-t-il lancé. « Mes collègues me disent qu’ils veulent juste mourir avec leur famille. Leur peur la plus grande est de survivre seul ».