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Le débat sur le retour des réfugiés syriens reste vif en Allemagne
#Allemagne #refugiesSyriens #immigration
Article mis en ligne le 7 décembre 2025
dernière modification le 5 décembre 2025

La fin de la guerre civile bouleverse la vie des Syriens arrivés pendant la guerre mais aussi celle de leurs enfants nés sur le sol allemand. Nombre d’Allemands considèrent qu’ils doivent partir pour participer à la reconstruction de leur pays.

"Maman, est-ce qu’on retourne en Syrie maintenant ?" L’avocate Nahla Osman se voit désormais confrontée à cette question posée par ses enfants, alors que le débat sur le retour des réfugiés syriens est devenu un sujet de discussion dans les écoles et les jardins d’enfants.

"Malheureusement, nous avons eu vent que certains disent aux enfants qu’ils sont Syriens et qu’ils doivent rentrer chez eux. Beaucoup d’enfants hésitent désormais à parler arabe. Mais d’un autre côté, nous avons aussi beaucoup de voisins, d’initiatives et d’associations qui leur disent qu’ils font partie de l’Allemagne et qu’ils les soutiennent", a expliqué l’avocate lors d’une conférence de presse en ligne organisée par Mediendienst Integration, une plateforme de recherche sur la migration destinée aux journalistes.

Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad il y a près d’un, de nombreux responsables politiques allemands appellent les Syriens à quitter l’Allemagne pour reconstruire leur pays.

Au début du mois, Jens Spahn, chef du groupe parlementaire des conservateurs de la CDU, le parti du chancelier Friedrich Merz, n’a pas hésité à dresser un parallèle avec les efforts de reconstruction de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Les réfugiés syriens auraient, selon lui, la responsabilité et le "devoir patriotique" d’aider à restaurer leur pays, a expliqué Jens Spahn. (...)

Les Syriens vivant en Allemagne sont toutefois confrontés à un choix difficile : s’ils décident de se rendre en Syrie pour évaluer la situation, ils risquent de perdre leur statut de réfugié en Allemagne. Le ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt a déclaré que l’Allemagne ne souhaitait plus autoriser de voyages exploratoires, affirmant que les réseaux sociaux et internet pouvaient suffire à s’informer sur l’état du pays. (...)

Depuis janvier, les Syriens peuvent bénéficier d’un programme d’aide pour rentrer. Près de 2 900 personnes ont jusqu’à présent eu recours à cette offre, qui comprend les frais de voyage et une aide financière.

"De nombreux Syriens ont investi beaucoup de temps et de ressources ici au cours des dix dernières années pour se construire une nouvelle vie en Allemagne. Le retour est un nouveau bouleversement dans leur vie", observe Nora Ragab, chercheuse en migration à Berlin. "En Syrie, on ne reprend pas simplement là où on s’était arrêté : votre maison n’est peut-être plus là, la situation économique est très difficile et la violence persiste dans divers endroits. Tout ce débat ne tient pas compte du travail accompli par de nombreuses personnes pour venir ici et s’intégrer dans la société." (...)

Un autre aspect trop rarement évoqué dans le débat, selon la chercheuse, est la composition de la population syrienne en Allemagne. "Plus d’un tiers sont des enfants et des jeunes de moins de 18 ans. Il y a donc une génération qui s’est complètement intégrée à la société allemande", insiste-t-elle.
Ne pas se sentir les bienvenus

Karoline Popp, chercheuse au Conseil d’experts sur l’intégration et la migration, une organisation basée à Berlin, déplore le message envoyé aux Syriens. Elle a participé à une étude sur l’engagement civique des communautés afghane et syrienne en Allemagne et note que "la communauté syrienne ressent le climat politique et la rhétorique, qui provoquent actuellement beaucoup d’incertitude. Il impose ce sentiment que, quels que soient vos efforts, vous ne serez jamais pleinement intégré, même avec un passeport allemand."

"Le risque d’offenser précisément les personnes qui s’engagent dans la société et qui ont un fort désir de participer est très élevé", constate-t-elle. (...)