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RFI
Algérie : l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison en appel
#BoualemSansal #Algerie #libertedexpression #France
Article mis en ligne le 3 juillet 2025

Un tribunal en Algérie a condamné en appel, mardi 1er juillet, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison, soit la même peine qu’en première instance. L’auteur, en détention depuis novembre, est au cœur d’un bras de fer entre Paris et Alger, alors que les relations diplomatiques entre les deux capitales sont au plus bas. Paris dit espérer « des mesures de grâce ».

(...) Boualem Sansal qui, à la suite de cette décision, dispose de huit jours pour se pourvoir en Cassation, avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion par le tribunal de Dar El Beida, près d’Alger, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Mardi 24 juin, le parquet avait requis une peine de dix ans de prison.

Réagissant quelques minutes après l’annonce, le Premier ministre français François Bayrou a dit espérer « des mesures de grâce » du président algérien Abdelmadjid Tebboune sur ce dossier. « La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises », a déclaré le chef du gouvernement français en marge d’un déplacement. (...)

Le geste de clémence attendu par Paris et par les proches de Boualem Sansal pourrait intervenir à l’occasion des célébrations de l’indépendance algérienne, soit le 5 juillet prochain.

Cancer de la prostate et brouille diplomatique (...)

Lire aussi :

 (Wikipedia)
Boualem Sansal (en arabe : بوعلام صنصال), né le 15 octobre 1944 ou le 15 octobre 1949 (selon les sources) à Theniet El Had, est un écrivain franco-algérien d’expression française. Il est le lauréat du grand prix du roman de l’Académie française en 2015 pour son roman 2084 : la fin du monde.

Il est incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre 2024, après avoir obtenu la nationalité française en juin 2024, et quelques semaines après avoir contesté les frontières actuelles du pays avec le Maroc dans le média français d’extrême droite Frontières. Cette arrestation a pour effet d’intensifier la crise diplomatique entre Alger et Paris. Le 27 mars 2025, il est condamné à une peine de cinq ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars. (...)

Boualem Sansal a une formation d’ingénieur de l’École nationale polytechnique ainsi qu’un doctorat d’économie. Il a été enseignant, consultant, chef d’entreprise et haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie algérien (...)

Boualem Sansal, bien que grand lecteur, ne se vouait pas à l’écriture. Mais sous les encouragements de son ami Rachid Mimouni, il commence à écrire en 1997, en réaction contre le terrorisme islamiste, alors que la guerre civile algérienne (la « décennie noire ») bat son plein. Il cherche à entrer dans l’esprit de ses compatriotes pour tenter de comprendre puis d’expliquer ce qui a mené à l’impasse politique, sociale et économique de son pays, et à la montée de l’islamisme[ (...)

En 2003, Boualem Sansal est rescapé du séisme meurtrier qui touche sa région à Boumerdès. Après avoir été porté disparu pendant un certain temps, il est retrouvé grâce à un appel lancé par la télévision algérienne.

La même année, c’est en France qu’est publié son troisième roman, Dis-moi le paradis, description de l’Algérie postcoloniale, à travers les portraits de personnages que rencontre le personnage principal, Tarik, lors de son voyage à travers ce pays. Le ton est très critique envers le pouvoir algérien, se moquant de Boumédiène, critiquant ouvertement la corruption à tous les niveaux de l’industrie et de la politique, l’incapacité à gérer le chaos qui a suivi l’indépendance, et attaquant parfois violemment les islamistes. Il critique également l’arabisation de l’enseignement[ (...)

Ses livres, publiés en France, sont librement vendus en Algérie. Cependant, l’auteur y suscite la controverse, notamment depuis sa visite au Salon du livre de Jérusalem (he) en 2011 (...)

En 2018, il participe à l’écriture d’un ouvrage commun, Le Nouvel Antisémitisme en France, sous la direction de Philippe Val, dans lequel il écrit que le gouvernement français participe « au plan de conquête de la planète par la soumission de ses habitants à l’islam », ce que lui reproche Nicolas Lebourg[11], chercheur et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la fondation Jean-Jaurès[12].

Alors que l’hebdomadaire français Télérama le décrit comme un intellectuel issu « de la gauche laïque algérienne », il est porté aux nues par l’extrême droite française[13]. Boualem Sansal est membre du comité éditorial du média français d’extrême droite Frontières (...)

L’arrestation de Boualem Sansal a intensifié la crise entre Alger et Paris, déjà exacerbée depuis le 31 juillet 2024 par l’annonce du soutien de la France aux positions marocaines sur le Sahara occidental[38]. En France, sa récente acquisition de la nationalité française est mise en avant pour exiger sa libération, une revendication particulièrement exploitée par l’extrême droite, qui s’empare de cette affaire pour accentuer ses critiques envers l’Algérie (...)

Le 23 janvier 2025, le Parlement européen adopte par une écrasante majorité une résolution pour condamner son arrestation et réclamer sa libération immédiate et inconditionnelle[46]. L’abstention ou le vote contre de certains membres de La France insoumise à cette résolution dénonçant une instrumentalisation de l’affaire par la droite et l’extrême droite dans les relations entre la France et l’Algérie[47],[48] provoquent une polémique en France, où leurs votes sont qualifiés de « honte » à gauche comme à droite[49],[50]. (...)

En Algérie, la nouvelle de son arrestation est accueillie avec une certaine indifférence. Le quotidien algérien en ligne TSA estime que les Algériens reprochent à Sansal d’adhérer aux thèses de l’extrême droite française et dénonce également son positionnement perçu comme favorable au Maroc, dans un contexte marqué par la montée de discours expansionnistes au sein du royaume (...)

Amnesty International, le Pen Club et Reporters sans frontières ont condamné son arrestation et requis sa liberté[62]. Pour Bassam Khawaja de l’ONG Human Rights Watch, l’affaire Boualem Sansal « illustre bien la répression qui sévit en Algérie, contre ceux qui critiquent les autorités ou expriment des opinions qui leur déplaisent » (...)