
« Toute la lumière doit être faite sur cette horrible affaire », a déclaré le ministre de l’Intérieur, alors que la victime avait déposé plusieurs plaintes contre son ex-compagnon.
Inès Mecellem, 25 ans, avait été retrouvée poignardée de plusieurs coups de couteau à son domicile. Deux jours avant, le 6 septembre, elle avait activé son téléphone grave danger (TGD), un dispositif qui permet pour les victimes de violences conjugales d’alerter rapidement les forces de l’ordre, se sachant traquée. (...)
« Un profond et terrible échec »
Son ex-compagnon, un réfugié afghan né en 1989, avait été interpellé et laissé libre. Il est recherché depuis les faits pour assassinat. La victime avait déposé une plainte le 10 juillet, puis était retournée au commissariat le 17 juillet, puis les 13, 19 et 28 août, se disant harcelée et menacée de mort.
« Les victimes doivent être au centre des préoccupations de la justice. À chaque fois que l’une d’entre elles demande protection aux forces de l’ordre et à la justice, et que nous n’avons pas réussi à la protéger, c’est un profond et terrible échec », a estimé Gérald Darmanin sur X.
« Je recevrai la présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicide, comme nous recevons toutes les victimes qui me sollicitent », a-t-il également assuré. En 2023, 96 femmes ont été victimes d’un féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19 % par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur.
En déposant plusieurs plaintes, en utilisant son téléphone grave danger, Inès Mecellem avait « tout fait » pour alerter sur les violences qu’elle subissait. Son meurtre à Poitiers deux jours après l’interpellation de son ex-compagnon, aussitôt relâché, suscite colère et interrogations. « Pour moi, il y a aujourd’hui deux meurtriers. Celui qui est en fuite mais aussi le système policier et judiciaire, avec toutes ses défaillances. Sa mort aurait totalement pu être évitée », affirme à l’AFP Mehdi Mecellem, frère de la victime. (...)
« À quoi servent tous ces outils de protection mis en place par l’État si les victimes continuent de vivre dans la terreur, et de mourir ? », abondent des membres de collectifs féministes, présents à la marche blanche qui a rassemblé un millier de personnes samedi à Poitiers.
Pour la famille d’Inès, la colère se greffe à la douleur. « Ma sœur a eu le courage de traverser à de nombreuses reprises la porte du commissariat. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour alerter sur le danger qu’elle courait. Et le constat est que la police et la justice l’ont trahie », lance son autre frère Yacine. Le parquet a saisi l’Inspection générale de la police nationale et « des auditions et des analyses [...] sont en cours », selon une source proche du dossier. (...)