
(...) Al Jazeera a annoncé que cinq de ses journalistes, dont un correspondant très connu, avaient été tués dans une frappe israélienne "ciblée" sur leur tente à Gaza dimanche 10 août, l’armée israélienne affirmant avoir visé l’un deux qu’elle a qualifié de "terroriste" du mouvement palestinien Hamas.
Anas al-Sharif était l’un des visages les plus connus parmi les correspondants couvrant au quotidien la guerre à Gaza, lancée en représailles à la sanglante attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Selon Al Jazeera, "al-Sharif, 28 ans, a été tué dimanche après qu’une tente utilisée par les journalistes devant la principale entrée de l’hôpital a été frappée".
La chaîne a fait état de quatre autres victimes : le correspondant "Mohammed Qreiqeh ainsi que les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa".
L’union des journalistes palestiniens a dénoncé des "assassinats".
Appel à défendre les journalistes, "des civils"
Dans ses derniers messages postés sur X dimanche, Anas al-Sharif faisait état d’"intenses" bombardements israéliens sur le territoire palestinien et avait diffusé une courte vidéo montrant des frappes sur la ville de Gaza.
Un texte posthume que le journaliste avait écrit en avril en cas de décès a été publié sur son compte lundi matin, où il appelle à "ne pas oublier Gaza".
En juillet, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait accusé l’armée israélienne de mener "une campagne de diffamation" envers le journaliste en le présentant dans des messages en ligne comme un membre du Hamas.
"La tendance d’Israël consistant à qualifier les journalistes de militants sans fournir de preuves crédibles soulève de sérieuses questions sur ses intentions et son respect de la liberté de la presse", a dénoncé Sara Qudah, directrice régionale de l’organisation basée à New York dans la nuit de dimanche à lundi.
"Les journalistes sont des civils et ne doivent jamais être pris pour cible. Ceux qui sont responsables de ces meurtres doivent rendre des comptes", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Un conflit de longue date entre la chaîne et Netanyahu
Israël avait déjà décidé en mai 2024 d’interdire la diffusion de la chaîne dans le pays et d’y fermer ses bureaux, résultat d’un conflit de longue date entre le média et le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’est aggravé pendant la guerre en cours dans la bande de Gaza. (...)
Côté palestinien, l’Autorité palestinienne, qui détient une autorité partielle en Cisjordanie, avait interdit plusieurs mois à Al Jazeera de travailler et diffuser en début d’année, l’accusant d’"incitation à la sédition" et d’"ingérence".
La chaîne dénonçait une décision visant selon elle sa couverture de "l’aggravation" de la situation dans le territoire occupé par Israël depuis 1967.
Autoriser des journalistes à travailler, mais sous le contrôle d’Israël
Depuis le début de la guerre contre le Hamas à Gaza plus généralement, la presse internationale n’est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien. Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués (en "embed") avec l’armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire. (...)
La presse internationale travaille en s’appuyant sur des journalistes et correspondants locaux, qui ont payé un lourd tribut au conflit : près de 200 ont été tués en 20 mois par l’armée israélienne, dont au moins 45 dans l’exercice de leur profession, selon Reporters sans frontières (RSF). (...)
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Amnesty International
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