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ici radio Canada/AFP
Des manifestations violentes au Kenya ont fait 16 morts, selon Amnistie internationale
#Kenya #manifestations #repression
Article mis en ligne le 8 juillet 2025

Le gouvernement kényan a affirmé avoir « déjoué un coup d’État » et a dénoncé « du terrorisme déguisé en contestation » lors de manifestations réprimées dans le sang, mercredi, dont le bilan est de 16 morts et de plus de 400 blessés, l’Organisation des Nations unies (ONU) demandant des enquêtes « transparentes » au Kenya.

Le centre de Nairobi affichait jeudi des traces des affrontements de la veille : immeubles calcinés, vitres cassées, et des milliers de commerces – depuis les supermarchés jusqu’aux magasins de vêtements ou d’électronique – pillés, a constaté l’AFP.

L’œuvre de "voyous" payés, dans une action "préméditée", une "campagne bien orchestrée de violence politique", a affirmé, sans plus de précisions, le ministre kényan de l’Intérieur, Kipchumba Murkomen, lors d’un discours télévisé, jeudi.

Mercredi, des milliers de jeunes sont à nouveau descendus dans la rue dans plusieurs villes pour rendre hommage aux victimes des manifestations organisées en juin et juillet 2024 contre une loi budgétaire controversée et la corruption, dont l’apogée fut la prise du Parlement le 25 juin, durement réprimée.

Plus de 60 personnes avaient au total été tuées l’année dernière, et plus de 80 personnes avaient été enlevées — parfois des mois après les manifestations —, dont certaines sont encore portées disparues, selon des groupes de défense des droits de la personne.
Au moins 16 morts et 400 blessés, selon Amnistie internationale

Au départ pacifiques, les rassemblements ont tourné mercredi à la violence, des manifestants allumant des feux et jetant des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué en lançant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes en grande quantité.

Amnistie internationale a déclaré jeudi qu’au moins 16 personnes ont été tuées dans le pays. Un précédent bilan donné mercredi soir faisait état de 8 morts et d’au moins 400 blessés, dont 83 dans un état grave, selon une coalition d’une vingtaine d’ONG, dont Amnistie.

Parmi les blessés, au moins huit ont été traités pour des blessures par balle et trois sont des policiers, avaient comptabilisé ces ONG. Les médias kényans évoquaient des tirs à balles réelles de la police, notamment en périphérie de Nairobi. (...)

"Il n’était pas nécessaire de tuer autant de Kényans", s’est emporté Hussein Khalid, le directeur général de l’ONG de défense des droits de la personne Vocal Africa, présent devant la morgue, qui dénonce un "usage excessif de la force". (...)

"La force létale des forces de l’ordre, comme les armes à feu, ne devrait être utilisée qu’en cas de stricte nécessité", a affirmé Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat onusien aux droits de l’homme, appelant à l’ouverture d’enquêtes "indépendantes et transparentes".

Jeudi, le ministre kényan de l’Intérieur a toutefois communiqué un bilan de plus de 10 morts et 400 blessés… dont 300 étaient des policiers, selon lui.

La police, qui a fait preuve d’une "retenue remarquable", a "réussi à déjouer un coup d’État", a loué Kipchumba Murkomen lors du même discours télévisé.
"Régime voyou"

Jeudi, le quotidien d’opposition The Standard titrait toutefois en une : "Régime voyou".

"Au lieu d’une oreille attentive, [les manifestants] ont rencontré des barbelés, des camions blindés et l’emprise froide de la répression", dénonçait-il.

"Leurs voix ont percé à travers le brouillard de gaz lacrymogène et de tyrannie, refusant d’être noyées dans la peur du sang", soulignait encore le journal.

Dans le centre administratif et financier de la capitale, déjà endommagé l’an passé, des commerçants se sont dits désespérés après avoir été dévalisés.

Les vols ont débuté mercredi après-midi, après l’annonce d’une interdiction pour les télévisions et les radios de diffuser en direct des images des manifestations, ont affirmé leurs propriétaires à l’AFP. (...)

Comme en 2024, de nombreux manifestants réclamaient mercredi la démission de William Ruto, élu en 2022. (...)

L’impopulaire président s’est efforcé d’éviter toute hausse directe d’impôts dans le budget de cette année afin de limiter les troubles.

En plus des violences, de la corruption et des difficultés économiques, la jeunesse réclame les emplois que le président leur avait promis pendant sa campagne. (...)

Voir aussi :

 (France 24, video 1’52)
Des manifestations anti-gouvernement réprimées dans la violence au Kenya

Nouvelle journée meurtrière au Kenya lors de manifestations anti-gouvernementales. Dans les rues de Nairobi, des affrontements ont opposé des manifestants (issus de la génération Z qui s’oppose à la politique du président William Ruto) et les forces de l’ordre ont fait au moins 10 morts et entraîné 567 arrestations. Depuis de nombreuses années, les manifestations au Kenya sont marquées par de lourds bilans humains.