
Mediacités publie une carte inédite des territoires éloignés des urgences hospitalières, des « zones blanches » en expansion, si l’on se réfère à la précédente étude sur le sujet. Même les départements qui comptent une grande métropole ne sont pas épargnés.
(...) Selon le travail du cartographe Cédric Rossi, récompensé par l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) et que nous reproduisons ci‐dessous, moins de 1 % des Français·es vivent à plus d’une heure d’un service d’urgences. Pas de quoi pavoiser pour autant. D’après l’analyse de Mediacités, 11,6 millions de personnes vivaient, en 2023, à plus de trente minutes d’un service d’urgences, soit 17 % de la population nationale. (...)
Ce seuil de trente minutes est considéré comme critique pour la prise en charge des pathologies les plus graves (AVC, arrêt cardiaque, traumatismes graves). « Au‐delà, on se déplace souvent pour constater le décès, confie Vincent Bounes, chef du service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) de Haute‐Garonne. (...)
Ancien chef des urgences de l’hôpital Joseph-Ducuing, à Toulouse, Gwenaël Frassa a démissionné pour devenir médecin généraliste. Depuis, il coordonne le Cosil, un service d’urgences non vitales installé en 2021 dans une clinique de Villefranche‐de-Lauragais, à l’est de Toulouse.
Les enseignements de notre enquête cartographique correspondent à son quotidien : « Quand on a des appels de patients qui sont loin, c’est compliqué, surtout qu’ils sont également loin des généralistes… On pourrait presque dire qu’une catastrophe sanitaire s’annonce, si le terme n’était pas exagéré, juge‐t‐il. Dans des secteurs comme Saint‐Gaudens et vers les Pyrénées, il ne faut pas avoir de problème grave ou urgent, car vous n’aurez pas de solution rapide et adaptée. Je pense à un AVC, un infarctus, un arrêt cardiaque, un étouffement, une crise d’asthme ou d’épilepsie, tous ces problèmes qui nécessitent une prise en charge rapide. »
De fait, la Haute‐Garonne se situe au‐dessus de la moyenne nationale, avec 20 % de ses habitant·es vivant à plus de trente minutes d’un service d’urgences, surtout dans le sud du département. À l’échelle de l’Occitanie, d’autres territoires sont plus à plaindre : outre la Lozère (lire plus bas), le Gers (55,6 %), le Lot (34 %), l’Aveyron (33 %) et l’Ariège (32 %) sont particulièrement exposés.
Une évolution qui interpelle (...)
11 millions de personnes vivent à plus de 30 min d’un service d’urgences (...)
On assiste malheureusement au recul d’un service public fondamental.
Emmanuelle Anthoine, ex-députée LR de la Drôme
(...)
Alors que faire ? Si construire de nouveaux services d’urgences dans les territoires déshérités relève « de la science‐fiction », selon Vincent Bounes, du fait du manque de professionnel·les et d’investissements trop importants à réaliser, le problème n’est pas insoluble. Pour ce vice‐président chargé de la santé au conseil régional d’Occitanie, il serait possible de remailler le territoire en recrutant 30 % de généralistes en plus et en les formant à la médecine d’urgence. (...)