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France24
Devant les maires de France, le chef d’état-major des armées prépare les esprits à la guerre
#guerreenUkraine #Russie #France #EtatMajordesArmees
Article mis en ligne le 21 novembre 2025

Le chef d’état-major des armées a provoqué un tollé parmi les partis d’opposition en assurant lors du congrès des maires de France que le pays devait "accepter de perdre ses enfants" pour "protéger ce que l’on est". Depuis plusieurs mois, les autorités tentent de préparer les esprits à l’éventualité d’une guerre dans un contexte de fortes tensions géopolitiques.

Propos alarmistes ou simple mise en garde ? Les autorités tentent depuis des mois de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre, mais le message peine à infuser dans une population qui se sent loin des combats en Ukraine et protégée par sa dissuasion nucléaire.

Le chef d’état-major des armées françaises, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d’accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu’il fallait que le pays restaure sa "force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".

La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d’information.

Discours "va-t-en-guerre"

Les partis politiques d’opposition au camp présidentiel se hérissent, accusant Emmanuel Macron de préparer la guerre contre la Russie (...)

De son côté, la ministre des Armées Catherine Vautrin a estimé que le général Fabien Mandon "est pleinement légitime à s’exprimer sur les menaces", évoquant des propos, sortis de leur contexte à des fins politiciennes". (...)

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les autorités françaises - à l’instar d’autres gouvernements européens - déploient un discours récurrent pour faire comprendre à la population l’instabilité croissante provoquée par les ambitions de Moscou et les positions mouvantes de l’allié américain.

La France doit "se préparer à l’hypothèse d’un engagement majeur de haute intensité dans le voisinage de l’Europe à horizon 2027-2030, parallèle à une hausse massive des attaques hybrides sur son territoire", résume la Revue nationale stratégique de 2025, feuille de route des autorités.

Plus largement, elles essayent aussi d’accroître la capacité de la société à surmonter une crise éventuelle.

Le gouvernement publie ce jeudi un guide "face aux risques", regroupant des conseils pour réagir à un large éventail de menaces, des inondations aux cyberattaques ou des guerres.
"Défiance" envers le monde politique

Mais même si 64 % des Français craignent que le conflit militaire se propage jusqu’en France (sondage Elabe de mars 2025), nombre d’entre eux continuent de se sentir éloignés de la guerre.

"Parce que la France a été un champ de bataille pendant les deux guerres mondiales, que leurs traces sont visibles, il faut comprendre que la représentation de la guerre pour les Français, demeure très nettement l’invasion du territoire", explique à l’AFP la chercheuse Bénédicte Chéron, qui publie en janvier "Mobiliser. Faut-il rétablir le service militaire en France ?" (Éditions du Rocher).

Et les déclarations du général Mandon interviennent dans un contexte "de forte défiance envers les autorités politiques", rappelle Bénédicte Chéron, estimant que les Français ont "du mal à accepter l’idée d’engager massivement des forces, d’en payer le prix - des morts, des blessés, coût économique etc. - pour autre chose que protéger le territoire d’une invasion". (...)

Lire aussi :

 (France Info)
Le chef d’état-major des armées divise les élus en affirmant que la France doit "accepter de perdre ses enfants"

"Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants (...) alors on est en risque", déclarait le général Mandon, chef d’état major des armées, mardi 18 novembre devant les maires de France. Ses propos ont entraîné un torrent de réactions.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Sa déclaration choc a marqué un élu de la Lozère. "Ce n’était pas l’endroit ; je pense que c’est pour faire peur aux gens. Qu’on s’y prépare à l’avance, oui, qu’on essaie de recruter, oui, mais on ne va pas non plus essayer d’alerter nos enfants", estime Xavier Poudevigne, maire (SE) de Prinsuéjols-Malbouzon (Lozère).

Une mise en garde salutaire, au contraire, estime Daniel Jollit, maire (LR) de Romans (Deux-Sèvres) : "C’est une vraie inquiétude pour l’avenir, mais pour autant je pense qu’il faut qu’on s’y prépare effectivement. Et qu’on fasse comprendre, surtout, aux étrangers qui pourraient nous attaquer qu’on est prêts."
Une vive polémique

Ce n’est pas la première fois que le général Mandon monte au créneau. Face aux députés déjà, il estimait que la France devait se tenir prête à un conflit avec la Russie d’ici trois ou quatre ans. Des prises de position dénoncées dans la matinée du jeudi 20 novembre par une partie de la gauche. "Je ne crois pas que ce soit le rôle du chef militaire des armées de venir devant les élus et de leur tenir un tel discours, un discours que je qualifie de politique", dénonce Alexis Corbières, député (Écologiste et Social) de Seine-Saint-Denis.

Pour le bloc central, au contraire, l’alerte du général est légitime. (...)