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SOS Mediterranée
En Méditerranée centrale, plus que jamais : témoigner !
#SosMediterranee #oceanViking #sauvetages #migrants #immigration #solidarite #rescapés
Article mis en ligne le 12 septembre 2025
dernière modification le 9 septembre 2025

Le 24 août dernier, l’Ocean Viking, navire de recherche et de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE, a été délibérément pris pour cible par les garde-côtes libyens. Bien que n’ayant subi aucune blessure, l’équipage et les personnes rescapées sont très éprouvé.es par cette attaque. Des équipements de sauvetage vitaux ont été endommagés.
Cet acte n’est pas un accident isolé : il s’inscrit dans un continuum de comportements irresponsables et violents qui mettent en péril à la fois les vies des personnes qui fuient et celles des équipes qui leur viennent en aide. C’est une attaque flagrante contre le droit maritime international et contre l’idée même d’humanité.

Depuis plusieurs semaines, la Méditerranée centrale est le théâtre d’incidents particulièrement inquiétants. Des embarcations non identifiées, avec des hommes parfois armées, réalisant des manœuvres dangereuses, apparaissent aux abords des navires humanitaires, forçant des personnes à sauter à l’eau et menaçant directement les équipages. Ce phénomène, déjà signalé par d’autres ONG, se multiplie et transforme chaque sauvetage en une course contre la montre sous la menace.
Cette route migratoire est déjà l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. L’insécurité croissante ne vise plus seulement les personnes qui tentent la traversée : elle cible aussi les équipes humanitaires qui, malgré tout, continuent d’intervenir.

Moins de signalement des États, moins de moyens aériens actifs

À cette hostilité s’ajoute un désengagement flagrant des États. Les autorités maritimes ne garantissent plus des secours rapides ni-même parfois de coordination efficace à l’instar de ce que nous dénoncions en juin 2025 lors de l’affaire du MV Bobic, où une embarcation est restée en détresse pendant plus de 36 heures malgré des alertes répétées. Alors qu’entre 2016 et 2017 plus de 50 % des alertes de détresse transmises à SOS MEDITERRANEE provenaient du centre de coordination italien, cette proportion est tombée à environ 1 % ces dernières années. Les garde-côtes tunisiens, maltais et libyens, eux, ne contactent jamais nos ONG de manière proactive. Résultat : des vies se perdent faute d’intervention ou de coordination efficace.

Dans ce contexte, les opérations aériennes civiles, indispensables pour repérer les embarcations en détresse et documenter les violations, ont, par ailleurs, tendance à se raréfier. (...)

Face à ces carences, le rôle d’initiatives civiles comme Alarm Phone est central. En 2024, elles représentaient près de 45 % des alertes de détresse reçues par nos équipes, tout en informant systématiquement les autorités maritimes compétentes. Ce sont désormais des bénévoles, des ONG, des citoyen.nes qui comblent le vide laissé par les institutions.

« Témoins gênants » indispensables

Dans un climat de criminalisation croissante du sauvetage civil, y compris des opérations aériennes, les ONG seraient-elles devenues des « témoins gênants » ? De notre côté, nous considérons que témoigner de ce qui se passe en Méditerranée est fondamental. Témoigner, c’est établir ou parfois rétablir les faits, c’est alerter sur les défaillances des États européens dans leur obligation de secours et les dérives des pays dont tentent de fuir les personnes que nous sauvons, mais c’est aussi rendre hommage aux personnes disparues et redonner une voix aux rescapé.es.

Aujourd’hui, l’un des défis majeurs en Méditerranée centrale reste la récolte et la diffusion d’informations fiables. Les centres de coordination étatiques ont pratiquement cessé de transmettre des alertes aux navires humanitaires. Les ONG et initiatives citoyennes se retrouvent souvent seules pour signaler et documenter les cas de détresse, mais leurs capacités restent limitées face à l’ampleur de la crise, aux violences qu’elles subissent et aux entraves volontaires exercées contre leur mission.

Témoigner pour sauver et protéger

À l’heure où de nombreux acteurs cherchent à dissuader les ONG humanitaires de faire du sauvetage en mer, à l’heure où le droit international est chaque jour un peu plus bafoué, il faut plus que jamais soutenir et protéger les organisations de la société civile dans leur rôle d’alerte et de documentation.