
Depuis 2021 et leur mise en place, la Banque alimentaire de Loire-Atlantique touchait les subventions exceptionnelles de l’État afin de survivre aux crises successives. C’est terminé. Elle a appris brutalement la perte de près de 90 % de cette enveloppe dès la fin 2025. Son président appelle à l’aide.
" Je ne sais pas comment on va s’en sortir en 2026… " Ce cri de détresse de Jean-Robert Leconte, le président de la Banque alimentaire en Loire-Atlantique, survient après l’annonce de l’État de mettre fin aux subventions exceptionnelles accordées aux associations solidaires depuis 2021 et la crise sanitaire.
L’antenne nantaise faisait partie des structures qui en bénéficiaient le plus avec 363 670 € chaque année. Mais, à six mois de la fin de la fin de la saison 2025, elle vient d’apprendre qu’elle ne devra finalement compter que sur une enveloppe de 42 000 € d’aides publiques, un poil plus de 10 %.
Une décision qui intervient dans un contexte moins fort d’inflation, après le Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Pour autant, si les prix n’augmentent plus, ils restent hauts (...)
Lire aussi
Rien ne va plus dans le système de financement des Banques alimentaires, ces organismes qui collectent les denrées alimentaires pour les redonner aux associations d’aide aux démunis. L’État prévoit de stopper une aide exceptionnelle versée depuis 2021. Cela représente plus de 300 000 euros en moins pour la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique. (...)
L’État français alloue aux 79 Banques Alimentaires réparties sur le territoire français des subventions exceptionnelles depuis 2021 pour contrer la COVID, puis la guerre en Ukraine et l’inflation.
D’après Jean-Robert Leconte, président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique, ces aides ont brutalement baissé cette année ce qui représente pour ses 32 800 bénéficiaires "plus de 300 000 euros en moins" (NDLR : 311 600 euros exactement).
"Le problème à l’heure actuelle, c’est que lorsqu’on entend nos élus l’inflation est contenue", explique Jean-Robert Leconte.
"Certes, elle est contenue, mais il n’empêche que les prix des produits alimentaires n’ont pas diminué pour autant", rajoute-t-il.
« Les gens qui avaient du mal à se nourrir il y a un an ont toujours plus de mal à se nourrir » Jean-Robert Leconte, président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique
Un quart du budget en moins
Ces 300 000 euros pèsent très lourd dans le budget global de la Banque Alimentaire : 25 % d’un budget global d’1 million 800 000 euros.
"Si nous arrêtons la distribution alimentaire, ce sont des personnes qui iront vers d’autres associations, bien évidemment, mais ces autres associations-là n’auront pas les moyens d’accueillir sur notre département 32.800 personnes de plus", s’alarme le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.
D’autant que les besoins sont croissants alors que les ressources se tarissent rappelle Jean-Robert Leconte.
Par exemple 150 tonnes de denrées alimentaires ont été collectées en moins entre 2021 et 2024 alors que dans le même temps le nombre de bénéficiaires a presque doublé (2200 tonnes de denrées collectées pour 17500 bénéficiaires en 2021, contre 2050 tonnes de denrées collectées pour 32.800 bénéficiaires en 2024).
"La particularité de la banque alimentaire c’est qu’on ne distribue pas nous directement aux bénéficiaires. On distribue à 132 associations dans le département de Loire-Atlantique, comme La Croix-Rouge ou Saint-Vincent-de-Paul pour les plus importantes", précise le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.
"Il y a de plus en plus de demandes au niveau de nos associations", constate-t-il. (...)
Les entreprises démarchées
Les autres banques alimentaires des Pays de la Loire sont également touchées par ces baisses d’aides de l’Etat mais à divers degrés : seule la Banque Alimentaire de Sarthe basée au Mans est "fortement impactée" selon Jean-Robert Leconte, la Mayenne et le Maine-et-Loire, qui ne touchait jusqu’à présent que 15 000 euros de l’Etat, beaucoup moins.
Tout dépend en effet d’un facteur très important, à savoir la part de subventions publiques dans le budget de la Banque Alimentaire. En Loire-Atlantique, cette part est importante ne s’en cache pas son président : "tout confondu on est à 70 % de subventions publiques", avoue Jean-Robert Leconte.
"On a écrit à toutes les entreprises que l’on connaît du secteur de manière qu’on soit beaucoup moins dépendant des fonds publics", explique le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.
Une cinquantaine de courriers ont été envoyés.
"Pour l’instant toutes les entreprises sollicitées répondent présentes", constate-t-il. (...)
Un sursis d’ici la rentrée
Des courriers d’alerte ont été envoyés à la Préfecture, au Conseil régional, au Conseil départemental et aux mairies.
L’État, à l’origine de cette crise, fournit tout de même un précieux répit à la Banque Alimentaire à cause de son mode de fonctionnement.
"L’avantage que nous avons, c’est que les subventions des services de l’État nous sont versées en toute fin d’année. Entre la fin du mois de novembre et le début décembre. Bien évidemment, on reporte d’une année sur l’autre", souffle le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.
"Actuellement, nous vivons sur une partie des subventions de 2024" rajoute-t-il.
Un répit de courte durée car "ce qui doit s’arrêter complètement en 2025 on ne sait pas du tout comment on va faire en 2026".
Et le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique de prévenir que les quantités données aux bénéficiaires pourraient en pâtir dès la rentrée prochaine. (...)
Actuellement 12 salariés permanents sont en contrat sur le site de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu au sud-ouest de Nantes ainsi que 12 salariés en insertion.
Si rien ne bouge il y a "de fortes chances" pour que l’atelier de chantier d’insertion s’arrête prévient la mort dans l’âme le président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.