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France Culture
France-Algérie : qui prône encore le dialogue ?
#France #Algerie
Article mis en ligne le 15 août 2025
dernière modification le 13 août 2025

Dans une lettre adressée au Premier ministre le 6 août dernier, Emmanuel Macron a sommé son gouvernement d’agir “avec plus de fermeté” face aux “difficultés” rencontrées vis-à-vis d’Alger. La France et l’Algérie peuvent-elles encore redéfinir leurs relations et trouver un socle d’entente commun ?

Avec

Akram Belkaïd, journaliste au Monde Diplomatique.

Ce changement de ton s’accompagne de nouvelles mesures de rétorsion contre le gouvernement algérien, et notamment de la suspension officielle d’un arrangement bilatéral sur les passeports officiels et diplomatiques. Signé en 2013, ce dernier exonérait les Algériens détenteurs de ces passeports de l’obligation de se procurer un visa pour se rendre en France, que ce soit dans le cadre d’une mission ou à titre privé. Face à cette série de mesures annoncées par Paris, Alger a riposté par des annonces réciproques et dénoncé la gestion française des relations bilatérales.
Une situation "inédite"

Cette lettre d’Emmanuel Macron, qui somme François Bayrou d’agir avec plus de fermeté vis-à-vis de l’Algérie, n’est pas quelque chose de forcément récurrent dans l’histoire entre ces deux pays. Comme l’explique Akram Belkaïd, journaliste, rédacteur en chef du Monde diplomatique et membre du comité éditorial du site Orient XXI et auteur de "l’Algérie, un pays empêché en 100 questions" : "C’est assez rare pour être souligné qu’Emmanuel Macron ordonne d’une certaine manière à son Premier ministre, à son chef du gouvernement de durcir le ton et d’agir. C’est assez inédit. Il y a eu des crises entre l’Algérie et la France par le passé, dans les années 70, notamment après la nationalisation du pétrole. Après, il y avait eu de nombreux attentats anti-algériens dans le sud de la France qui avaient conduit à une vraie tension entre les deux pays. Dans les années 90, après l’interruption du processus électoral qui avait vu les islamistes l’emporter, il y avait eu des tensions à la suite de déclarations de François Mitterrand. Mais à chaque fois, les choses se sont rapidement calmées. Là, on a plutôt l’impression qu’on est dans une séquence qui est à la fois basée sur des éléments matériels objectifs, qu’on peut facilement appréhender, et puis il y a une part d’irrationnel dans cette affaire."

Le "parcours du combattant"

Avec une réduction de 30% du quota global de visa délivré aux Algériens, la population algérienne, dans son ensemble, est également concernée par ces éventuelles sanctions.
Akram Belkaïd décrit la difficulté pour les algériens d’obtenir un visa : "Le visa est un vrai parcours du combattant. Ça vaut pour les ressortissants tunisiens, marocains aussi, ou même subsahariens. C’est une vraie barrière, c’est une vraie limite qui est imposée aux gens qui les limitent dans leurs déplacements. Ce sont des gens qui veulent venir s’aérer, qui veulent venir voir leur famille, se soigner parfois aussi, faire des études ou tout simplement avoir une activité professionnelle temporaire en venant négocier des contrats, acheter des équipements, etc. C’est un problème de l’ordre de la dignité humaine, car il faut savoir aujourd’hui que la diplomatie française s’appuie sur des entreprises privées locales qui traitent les dossiers en amont avant qu’ils n’arrivent au niveau consulaire. Et vous payez pour les droits de dossier, qui ne garantissent pas le fait d’avoir un visa."

Un tournant dans la relation bilatérale

Après l’attaque au couteau par une personne de nationalité algérienne à Mulhouse en mars 2025, qui avait causé la mort d’un passant, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait déjà menacé de démissionner si Paris renonçait au rapport de force. Emmanuel Macron semble aujourd’hui s’être aligné sur cette rhétorique-là (...)