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"Ils sont venus faire une tentative d’intimidation" : de nouvelles tensions entre les chasseurs de la baie de Somme et un naturaliste
#naturaliste #chasseurs #BaiedeSomme #gibierdeau
Article mis en ligne le 8 août 2025
dernière modification le 6 août 2025

L’ouverture de la chasse au gibier d’eau, en baie de Somme, ce samedi 2 août 2025, a été marquée par de nouvelles tensions entre les chasseurs et le naturaliste Pierre Rigaux. Ce dernier affirme avoir été arrêté et placé en garde à vue.

Trois hommes, chacun porteur d’une cagoule, approchent et se placent devant l’objectif de Pierre Rigaux, naturaliste, pour l’empêcher de filmer. La scène se déroule en baie de Somme, ce samedi 2 août 2025, jour d’ouverture de la chasse au gibier d’eau.

"Ils sont venus faire une tentative d’intimidation", estime le militant. "Ils sont venus nous tourner autour, en disant qu’on n’était pas les bienvenus ici. L’un d’eux a essayé de taper dans mon téléphone alors que j’essayais de le filmer pour me défendre." (...)

Une garde à vue pour "entrave" à la chasse

Le lendemain, dimanche 3 août 2025, Pierre Rigaux affirme avoir été de nouveau pris pour cible. "Trois représentants de l’association des chasseurs de la baie de Somme, avertis de notre présence, sont arrivés. Ils nous ont suivis, nous ont harcelés longuement, ont tenté d’asperger notre matériel et nous ont sommé de quitter la baie", explique-t-il dans un post partagé sur Facebook. (...)

Alors qu’il rejoignait le parking, il dit avoir été arrêté et placé en garde à vue. "Les chasseurs qui nous suivaient ont appelé la gendarmerie en prétendant que nous entravions la chasse", accuse-t-il. Pierre Rigaux restera trois heures en garde à vue, avant d’être libéré, sans aucune charge retenue contre lui. (...)

Ce n’est pas la première fois que des tensions apparaissent entre le militant et des chasseurs. L’an dernier, alors que Pierre Rigaux souhaitait réaliser un documentaire sur l’ouverture de la saison, des chasseurs dénonçaient déjà une "provocation".
Opposition entre tradition et défense de l’environnement

Différents types de chasse existent en baie de Somme : "à la hutte", "à la botte", "au hutteau" ou "au cercueil"... "C’est la vitrine de la chasse au gibier d’eau en France. C’est un lieu mythique", affirme Nicolas Bruvier, président de l’ACDPM (Association de chasse du domaine public maritime) sur le territoire. "On veut la préserver et, si elle est comme elle est aujourd’hui, c’est grâce aux chasseurs qui l’ont façonnée et préservée. Pour nous, c’est plus qu’une passion." (...)

Pierre Rigaux, lui, reproche aux chasseurs de se poster "à la limite de la réserve naturelle de façon à tirer sur les oiseaux juste au moment où ils sortent de la réserve naturelle […] On a vu un huîtrier pie resté longuement à terre, au sol, après s’être pris du plomb, les chasseurs ne sont pas allés le chercher. L’oiseau a réussi à se trainer et disparaître, on ne sait pas ce qu’il est devenu. C’est un exemple d’oiseau blessé, pour rien." (...)

On chasse depuis plus d’un siècle en baie de Somme, cette chasse est parfaitement encadrée et légale. Une minorité veut décider de l’avenir de la chasse et ça, ce n’est pas possible.
Nicolas Bruvier, Président de l’ACDPM baie de Somme

Pourtant faire changer la loi est un des espoirs de Pierre Rigaux : "Ce qui est légal un jour peut ne plus l’être et c’est grâce à plein de gens, des associations de protection de la nature, des militants écologistes, que certains modes de chasse ont été abrogés en France et on voudrait poursuivre, c’est-à-dire que l’on n’ait plus le droit de tirer sur des oiseaux migrateurs pour rien en fait."

La saison de la chasse au gibier prendra fin le 31 janvier 2026.

Lire aussi :

 (Thread Reader/Pierre Rigaux@RigauxNature)
J’ai été arrêté et placé en garde à vue hier.

Je documentais la chasse des oiseaux d’eau en baie de Somme.

Nous étions 3 à pied au milieu de la baie, dans un secteur ouvert au public où plusieurs dizaines de chasseurs tiraient sur des oiseaux.

La baie de Somme est une très vaste étendue à marée basse, nous étions postés au milieu, à 20 minutes de marche de la côte.
Trois représentants de l’association des chasseurs de la baie de Somme, avertis de notre présence, sont arrivés.

Ils nous ont suivis, nous ont harcelés longuement, ont tenté d’asperger notre matériel et nous ont sommé de quitter la baie.

Hier matin, après une heure de harcèlement par les 3 chasseurs, nous sommes finalement partis en direction du parking.

Pendant ce temps-là, les chasseurs qui nous suivaient ont appelé la gendarmerie en prétendant que nous entravions la chasse.
Arrivé au parking, j’ai été arrêté par les gendarmes, placé immédiatement en garde à vue et conduit à la gendarmerie, tandis que nos agresseurs partaient libres.

Mon téléphone et ma caméra ont été saisis, leur contenu a été examiné.
On me reproche de filmer les actions de chasse et d’entraver la chasse (l’entrave à la chasse est une infraction).
Après 3 heures de garde à vue, j’ai été libéré sur décision du procureur sans aucune charge retenue contre moi, et mon matériel m’a été restitué.

Les gendarmes et le procureur ont pu constater en examinant mes images que rien de ce que je faisais n’était répréhensible.
Nos agresseurs du jour et de la veille n’ont en revanche pas été inquiétés.

Hier soir après la garde à vue, je suis retourné sur le terrain.
Nous avons à nouveau été harcelés par 6 chasseurs cette fois, qui nous ont suivis de près pendant 40 minutes après nous avoir repérés alors qu’on marchait à 2 sur un sentier de randonnée le long de la baie.

Nous avons dû rejoindre la route et partir en voiture pour échapper à leur harcèlement.

Nous reviendrons dès aujourd’hui, de façon toujours pacifique, sans parler aux chasseurs, en restant à distance. Nous avons le droit d’être là. La mafia ne gagnera pas.
Nous allons continuer de documenter ce que subissent les oiseaux en baie de Somme.

(voir les photos sur le site)