Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24/AFP
Inondations au Texas : 27 victimes dans un camp de vacances, plus de 100 morts au total
#Texas #inondations #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 8 juillet 2025

Le Camp Mystic, colonie de vacances pour filles au Texas, a annoncé lundi que 27 de ses participants et encadrants étaient morts dans les inondations qui ont dévasté cet État ce week-end. Le bilan humain de la catastrophe naturelle a franchi la barre des 100 morts.

Le shérif de Kerr, le comté le plus durement touché, a fait état d’un nouveau bilan de 84 morts, dont 28 enfants. À ce bilan, s’ajoutent au moins 17 décès recensés dans des comtés voisins. (...)

"C’est une catastrophe comme l’on n’en a pas vu en 100 ans et c’est tout simplement atroce de voir ce qu’il se passe", a réagi dimanche Donald Trump, affirmant qu’il se rendrait "probablement" sur place vendredi.

Le président américain a par ailleurs réfuté tout lien entre les coupes budgétaires dans les services météorologiques nationaux et le lourd bilan dans cette région touristique très fréquentée.

Des habitants se sont plaints au cours du week-end de ne pas avoir été avertis suffisamment tôt des risques d’inondations.

Les services météorologiques ont maintenu lundi leur alerte aux crues dans le centre du Texas jusqu’à 19 h locales (mardi minuit GMT).

Les crues subites ont été provoquées par des pluies diluviennes dans le centre de l’État très tôt vendredi, jour de la fête nationale américaine, qui ont fait monter les eaux du Guadalupe de huit mètres en seulement 45 minutes.

Il est soudain tombé près de 300 millimètres d’eau par heure, soit un tiers des précipitations annuelles moyennes.

Plus de 400 secouristes, des hélicoptères et des drones

Dimanche, le fleuve Guadalupe a commencé à retrouver son lit et son calme, mais les rives offraient toujours un spectacle de désolation (...)

Donald Trump, qui a dépêché sur place samedi sa ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a signé une déclaration de catastrophe afin de fournir au Texas les moyens du gouvernement fédéral.

Plus de 400 secouristes, ainsi que des hélicoptères et des drones, participent aux recherches, ont précisé les autorités.

À Hunt, la localité où se trouve le camp d’été, 50 bénévoles sont venus de plusieurs villes du Texas pour y prendre part, par petits groupes de deux ou trois. (...)

Les crues soudaines, provoquées par des pluies torrentielles que le sol asséché ne peut pas absorber, ne sont pas rares. Mais selon la communauté scientifique, le changement climatique provoqué par l’activité humaine a rendu plus fréquents et plus intenses les événements météorologiques comme les crues, les sécheresses et les canicules.

Lire aussi :

 Inondations meurtrières au Texas : les coupes budgétaires de Trump ont-elles contribué au désastre ?

Attendu "probablement" vendredi au Texas, le président américain fait face à un début de polémique après des inondations meurtrières dans cet État. Plusieurs responsables locaux ont déploré le manque de fiabilité des prévisions fournies par les services météorologiques, l’une des cibles des coupes budgétaires massives décidées par l’administration Trump. (...)

"Les prévisions étaient clairement erronées" et la quantité de pluie a été "le double de ce qui était anticipé", a affirmé un responsable municipal de Kerrville, Dalton Rice, ajoutant que dans certaines zones l’eau a atteint "le niveau d’une crue centennale". (...)

Des habitants se sont plaints au cours du week-end de ne pas avoir été avertis suffisamment tôt des risques d’inondations, qui ont fait plus de 80 morts.

L’Administration nationale océanique et atmosphérique (NOAA), qui abrite le NWS, fait partie des agences qui ont connu des licenciements massifs sous l’administration Trump, faisant craindre une dégradation de la qualité des prévisions. Dès son investiture, le président américain, qui affiche fièrement son climatosceptisme, avait annoncé sa volonté de se débarrasser de cette agence conformément au projet 2025, la feuille de route ultraconservatrice qui guide son action.

En février 2025, le Doge, chargé de sabrer dans les dépenses fédérales, alors sous la direction d’Elon Musk, a notamment procédé à des licenciements à la NOAA, provoquant le départ d’environ 10 % des effectifs, selon la presse américaine.
Des météorologistes défendent la NWS

Interrogé sur une possible corrélation entre ces coupes budgétaires et le bilan tragique des inondations, Donald Trump a balayé d’un revers de la main ces accusations. (...)

Selon les experts, établir un lien entre le lourd bilan humain au Texas et les coupes budgétaires est loin d’être évident. D’abord parce que le Texas reste relativement bien doté en personnel comparé à d’autres bureaux de prévision météorologiques du pays. (...)

"Les WFO [bureaux de prévisions météorologiques] disposaient d’effectifs et de ressources suffisants pour émettre des prévisions et des alertes en temps voulu avant la tempête", a déclaré auprès de NBC News Tom Fahy, directeur législatif du syndicat représentant les employés de la NWS. Ce dernier a toutefois indiqué que deux postes de direction au bureau de San Antonio restaient non pourvus et devaient être assumés par des employés.

Plusieurs météorologistes indépendants ont également défendu le travail de leurs confrères de la NWS, affirmant que l’agence avait correctement alerté sur les risques mais ne pouvait pas prévoir l’intensité extrême du phénomène.

"Prédire la quantité de pluie qui va tomber d’un orage, c’est la chose la plus difficile qu’un météorologue puisse faire. L’alerte avait été lancée pour indiquer qu’il s’agirait d’un épisode de précipitations importantes et significatives, mais il n’est pas possible de déterminer avec précision où les précipitations vont tomber", assure Chris Vagasky, météorologue basé dans le Wisconsin, sollicité par Wired.
"Une multitude de facteurs"

Si les régions de San Antonio et de Hill Country ont l’habitude des crues soudaines, la tempête de vendredi matin a été particulièrement spectaculaire. La rivière Guadalupe a ainsi débordé au beau milieu de la nuit, avec une crue de plus de six mètres en quelques heures, soit son deuxième niveau le plus élevé de l’histoire. "Le pire scénario possible", estime le météorologiste Alan Gerard, rappelant que ce genre de catastrophe est le fruit "d’une multitude de facteurs".

"Dans le cas de cette tragédie, les facteurs contributifs les plus évidents sont que la crue éclair s’est produite au milieu de la nuit, lorsque les gens sont généralement endormis et moins susceptibles de prendre des mesures de protection, et qu’elle s’est produite au début d’un long week-end de vacances d’été, lorsque les terrains de camping et résidences touristiques, tels que ceux qui sont regroupés le long de la rivière Guadalupe, sont les plus susceptibles d’être remplis", écrit Alan Gerard sur son blog. (...)

Trois comtés plus à l’Est, près d’Austin, capitale du Texas, traversés par des affluents du Guadalupe ou des rivières locales, ont également déploré des morts. Dans toutes ces zones, le calcaire est un facteur géologique majeur qui a accentué la rapidité et la violence des crues en favorisant un ruissellement très rapide et la saturation du sol, selon une experte citée par la NPR, la radio publique américaine.
Des phénomènes extrêmes plus fréquents

Si la NWS semble donc avoir rempli son rôle en amont du déluge, les inquiétudes demeurent sur la capacité des agences fédérales à anticiper de futures catastrophes.

"Je ne vois aucune preuve que les coupes dans les budgets de la NOAA et du NWS aient entraîné une dégradation des alertes météorologiques, [...] mais les coupes budgétaires nous préparent à de futurs problèmes", résume le météorologue John Morales.

Car au-delà du problème des effectifs, les systèmes de collecte de données ou encore les technologies satellitaires, cruciaux pour anticiper les caprices du climat, pourraient souffrir d’un manque d’investissement, estiment les scientifiques.

En mai, l’administration Trump a déjà décidé de cesser d’alimenter une base de données sur les catastrophes climatiques mise en place en 1980, conséquence de la réduction des financements de la NOAA. On y apprenait que les États-Unis avaient connu 403 catastrophes naturelles avec à la clé des centaines de milliards de dégâts entre 1980 et 2024.

"Sans recherche, sans personnel pour faire le travail, nous pouvons supposer que les prévisions – et pas seulement pour les ouragans, mais aussi pour les tornades, les inondations, la sécheresse, les incendies de forêt, les tsunamis – vont sans aucun doute se dégrader. Cela signifie que la capacité des gens à se préparer à ces événements sera compromise", résume l’ancien directeur de la NOAA, Rick Spinrad, interrogé par Reuters.

Une inquiétude d’autant plus grande à l’heure où le changement climatique tend à rendre plus fréquents et intenses ces phénomènes extrêmes. Selon le rapport du programme américain de recherche sur le changement climatique publié en 2023, les États-Unis ont subi une catastrophe climatique de grande ampleur toutes les trois semaines ces dernières années, contre une tous les quatre mois dans les années 1980.