Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Israël assassine six journalistes palestiniens à Gaza, dont le célèbre reporter Anas al-Sharif
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #famine #journalistes
Article mis en ligne le 12 août 2025

L’armée israélienne a annoncé avoir ciblé la tente où ils se trouvaient devant l’hôpital Al-Shifa. Plus de 200 journalistes et professionnels des médias palestiniens ont été tués depuis le 7-Octobre.

28 ans, Anas al-Sharif était l’un des visages les plus connus de Gaza. Reporter pour la chaîne qatarie Al Jazeera, il témoignait, plusieurs fois par jour, en direct sur des millions d’écrans dans le monde arabe, des massacres israéliens qui dévastent le petit territoire palestinien depuis plus de vingt-deux mois. Casque sur la tête et gilet pare-balles enserrant sa frêle silhouette, il était l’un des rares journalistes à être restés dans le nord de Gaza après le 7-Octobre.

Il avait filmé et commenté des centaines de bombardements, l’invasion israélienne aux allures de nettoyage ethnique dans le camp de Jabalia et au nord de la ville de Gaza à l’automne 2024. Il avait documenté la faim et l’épuisement de ses concitoyen·nes, qui avaient fini par l’atteindre lui aussi.

Le reporter de terrain a été tué, dimanche 10 août dans la soirée, dans un bombardement israélien ciblé contre la tente où il travaillait avec d’autres confrères, devant l’hôpital Al-Shifa. Israël a revendiqué son assassinat, l’assimilant, sans fournir de preuves tangibles, à un chef de cellule du Hamas. (...)

Cinq autres journalistes et leur chauffeur sont morts avec lui dans l’explosion. Trois d’entre eux faisaient aussi partie de l’équipe d’Al Jazeera : le reporter Mohammed Qraiqea, les vidéojournalistes Ibrahim Dhahir et Mohammad Noufal. Les deux autres, Mahmoud Aliwa et Mohammed al-Khaldi, étaient journalistes indépendants. Trois reporters ont été blessés : Mohammed Sobh et Mohammed Qita ainsi que le journaliste d’Al Jazeera Ahmed al-Hazazine, seul survivant des envoyés de la chaîne qatarie sur place, selon les informations réunies par l’organisation Reporters sans frontières.

Journalistes palestiniens abandonnés

Al Jazeera a condamné une « autre attaque évidente et préméditée contre la liberté de la presse ». La chaîne a rappelé que son journaliste avait été la cible de menaces répétées de la part de plusieurs « responsables israéliens » et a dénoncé l’impunité dont jouit Israël. « L’ordre d’assassiner Anas al-Sharif, l’un des journalistes les plus courageux, et ses collègues, est une tentative désespérée de faire taire les voix qui exposent l’accaparement et l’occupation imminents de Gaza », poursuit le communiqué. (...)

depuis le 7-Octobre, plus de 200 journalistes et professionnels des médias palestiniens ont été tués à Gaza, dont près d’un quart alors qu’ils étaient au travail.

Israël interdit l’accès de l’enclave de manière indépendante aux reporters étrangers, rendant le travail de leurs confrères palestiniens d’autant plus crucial qu’ils sont les seuls témoins du génocide. (...)

Le correspondant le plus expérimenté de la chaîne aujourd’hui encore à Gaza affiche un visage amaigri, marqué par les longs mois d’horreur qui ont dévoré l’enclave. Quand il rencontre Anas al-Sharif, ce dernier est un ambitieux jeune photographe « dont le rêve était de devenir journaliste international ».
Campagne d’attaques

Les deux s’étaient revus pendant le cessez-le-feu, en janvier dernier. « Je n’ai jamais vu de journaliste aussi courageux », précise Hisham Zaqout. Il décrit aussi avec tendresse Mohammed Qraiqea, un homme sensible dont les mots touchaient « le cœur des téléspectateurs ». Il avait passé de longs mois loin de sa famille, « pour son travail, qu’il considérait comme sacré ».

Dans un long soupir, le journaliste Hani Mahmoud, encore sous le coup de l’émotion, explique qu’il se trouvait à quelques rues de l’explosion. « À ce moment de la soirée, ça se calme et tous les journalistes se retrouvent au même endroit, tentent de discuter et de s’entraider », rapporte-t-il sur la chaîne anglophone d’Al Jazeera où il travaille.

L’attaque, insiste-t-il, a eu lieu « une semaine après qu’un responsable militaire israélien a directement mis en cause Anas et mené une campagne » contre les journalistes palestiniens sur le terrain « en raison de leur travail [...] sur la famine et la malnutrition ». (...)

Dans un message posthume publié peu après sa mort sur X, Anas al-Sharif a rendu hommage à son épouse, Bayan, et à ses deux enfants, Sham et Salah. Né dans les ruelles étroites du camp de réfugié·es de Jabalia, le plus grand de Gaza, le reporter espérait que Dieu lui accorde assez de vie pour retourner sur la terre dont avaient été chassés ses ancêtres en 1948, aujourd’hui Ashkelon, en Israël.

« J’ai vécu la douleur dans tous ses détails, j’ai goûté à la souffrance et à la perte de nombreuses fois, a-t-il écrit dans ce qui fait figure de testament, rédigé en anglais en avril dernier. Puisse Allah témoigner contre ceux qui sont restés silencieux, ceux qui ont accepté notre massacre, ceux qui ont étouffé notre souffle et donc les cœurs sont restés insensibles devant les restes éparpillés de nos enfants et de nos femmes. »

 Voir aussi (France24, video 1’46)

L’ONU "condamne le meurtre par l’armée israélienne de six journalistes" à Gaza

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a condamné "le meurtre par l’armée israélienne de six journalistes palestiniens" dans la bande de Gaza dans la nuit de dimanche à lundi, dans un communiqué publié sur le réseau social X

Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël 

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : GAZA A FAIM : Pour un accès immédiat, sans conditions, à l’aide humanitaire !