
Six mois après la chute du régime de Bachar al-Assad, toute la Syrie est à reconstruire, dévastée par les années de guerre. Mohamed Rabie, qui a travaillé comme journaliste en Allemagne, a décidé de renter en Syrie. Il a partagé son histoire avec InfoMigrants.
Je fais partie de ces Syriens qui ont choisi de rentrer.
J’ai marché dans les rues de Damas pour la première fois depuis 13 ans. Il y a une phrase que l’on entend partout : "Il est temps de nettoyer la poussière de la guerre et de commencer à reconstruire".
Cette phrase m’a profondément touché. J’en avais également assez de la politique européenne et du discours de plus en plus hostile à l’égard des étrangers en Allemagne. J’ai donc choisi de retourner chez moi.
Cette décision n’a pas été facile à prendre. L’Allemagne, et en particulier Berlin, sont devenues ma seconde patrie. J’y ai passé dix ans, en tant qu’étudiant puis journaliste politique, couvrant à la fois l’actualité nationale et internationale.
Mes reportages ont parlé de la guerre qui a ravagé la Syrie depuis 2011.
Ces derniers mois, alors que Friedrich Merz est devenu chancelier, j’ai commencé à sentir que je ne faisais plus partie de cette Allemagne.
Bien que je sois devenu citoyen allemand et que l’Allemagne fasse partie de mon identité, une rhétorique populiste et clivante s’est répandue dans la société et m’a profondément affecté.
Pire encore, plus de la moitié des Allemands ont voté pour des partis qui soutiennent ouvertement des politiques anti-immigration.
Je préfère retourner en Syrie - avec tous ses problèmes, comme les coupures d’électricité et des services limités - plutôt que de faire face à l’hostilité quotidienne que les réfugiés et les musulmans subissent en Europe.
Je crois fermement que lorsque la dignité est en jeu, une personne peut préférer vivre dans un pays déchiré par la guerre plutôt que dans un pays où les politiques ne respectent pas les étrangers et dévalorisent ce que notamment les Syriens ont accompli. Ils ont travaillé dur et apporté une contribution significative à l’Allemagne.
Je comprends parfaitement que ma décision ne soit pas partagée pour tout le monde. La Syrie est une nation blessée, dont la population et les infrastructures ont été dévastées.
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