
La Maison Blanche a accusé lundi l’université Harvard de ne pas avoir protégé ses étudiants juifs ou israéliens lors des mobilisations contre la guerre à Gaza, et menace de couper ses subventions. Un nouvel épisode dans la croisade du président contre les universités d’élite américaines, accusées de complaisance envers "l’idéologie woke".
Une fois de plus, l’administration Trump a accusé lundi 30 juin l’université Harvard de violer les droits de ses étudiants juifs ou israéliens et menacé l’université de mettre fin aux subventions du gouvernement fédéral si elle ne prenait pas des mesures "immédiates".
Dans une lettre transmise au président de la plus vieille université américaine, le gouvernement fédéral accuse Harvard, au terme d’une enquête, de ne pas avoir protégé ces étudiants pendant les mouvements contre la guerre israélienne dans la bande de Gaza, voire d’avoir été "indifférent".
Harvard, qui est l’une des universités les mieux classées au monde, avait déjà perdu plus de trois milliards de dollars en subventions fédérales ces derniers mois malgré des mesures prises, selon sa direction, pour s’assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus. (...)
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump mène la charge contre les universités qu’il accuse de propager une idéologie "woke", terme utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.
Dans cette bataille idéologique, la lettre accuse Harvard de soutenir une "hiérarchie raciale" par laquelle "les individus sont triés et jugés en fonction de leur appartenance à un groupe identitaire opprimé et non à leur mérite personnel ce qui a permis à l’antisémitisme de se développer sur le campus".
Des négociations en coulisses
Interrogée par l’AFP, la direction de Harvard a indiqué que "l’antisémitisme est un problème grave et demeure inacceptable peu importe le contexte" tout en affirmant être "en désaccord profond avec les conclusions du gouvernement".
"Harvard a pris des mesures concrètes et proactives pour s’attaquer aux causes profondes de l’antisémitisme sur son campus (...) et a fait des progrès significatifs dans la lutte contre le sectarisme, la haine et les préjugés", a ajouté l’université en lutte aussi contre Donald Trump sur la question des étudiants internationaux.
Fin mai, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait révoqué la certification de Harvard au programme Sevis (Student and Exchange Visitor), principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis.
Harvard, qui accueillait lors de l’année académique 2024-2025 quelque 6.700 étudiants internationaux, soit 27 % de ses effectifs, a obtenu un sursis de la part d’une juge d’un tribunal fédéral. (...)
L’université conteste en justice le gel de ses subventions et la révocation de sa certification Sevis, tout en refusant de se plier à des demandes du gouvernement, notamment en lien avec le contenu de ses formations.
Selon la presse américaine, Harvard et l’administration Trump mènent en parallèle des négociations afin de trouver un accord sur ces questions. (...)