
Les obsèques de la journaliste ukrainienne Victoria Rochtchina se sont tenues vendredi 8 août à Kiev. Elle avait disparu lors d’un reportage en août 2023 dans la région de Zaporijjia, un territoire partiellement occupé par Moscou depuis trois ans de guerre. Elle est décédée dans les geôles russes en septembre 2024.
(...) La jeune femme de 27 ans a disparu lors d’un reportage en août 2023 dans la région méridionale de Zaporijjia, territoire partiellement occupé par Moscou depuis trois ans d’invasion de l’Ukraine. (...)
Un an plus tard, elle appelle ses parents depuis une prison russe, leur seul contact avec elle.
En octobre 2024, ils reçoivent une lettre du ministère russe de la Défense indiquant qu’elle est décédée le 19 septembre.
Face à la centaine de personnes réunie, la voix du prêtre résonne sous les dorures de la cathédrale : "Le plus important dans le journalisme, c’est de rapporter la vérité", déclame-t-il. "Et ils n’aiment pas la vérité", dit-il en parlant des Russes.
Victoria collaborait avec plusieurs médias ukrainiens et internationaux. Sa mort a suscité l’indignation de l’Union européenne et de nombreuses ONG de défense des droits humains.
Une prison russe considérée comme "un enfer sur terre" (...)
"Elle ne choisissait jamais des sujets faciles, populaires ou médiatiques", se remémore Angelina Karyakina, rédactrice en chef chez Hromadske, média ukrainien pour lequel Victoria a travaillé.
Les menaces "ne constituaient pas un obstacle pour elle", confie son ancienne collègue à l’AFP. "Elle répétait très souvent", même en captivité : "Je suis journaliste, vous n’avez pas le droit de m’entraver, de m’interdire quoi que ce soit, de m’arrêter." (...)
Selon l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF), Victoria a été arrêtée à Energodar, où se trouve la centrale nucléaire de Zaporijjia, avant d’être transférée fin 2023 au centre de détention provisoire n°2 de Taganrog, dans le sud-ouest de la Russie, décrit par l’ONG Human Rights Watch comme "un enfer sur terre".
Victoria serait morte lors d’un transfert depuis cette prison, mais les autorités russes n’ont fourni aucune confirmation ni information.
Selon les médias ukrainiens, elle avait entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Son état s’est progressivement dégradé, les autorités lui refusant à plusieurs reprises l’accès à des soins. (...)
Une enquête du collectif Forbidden Stories révèle que sa dépouille, rapatriée en Ukraine en mai, portait des traces de torture et que certains de ses organes, dont les yeux et une partie du cerveau, avaient été prélevés.
La journaliste avait été "soumise à des tortures systématiques, des coups, des humiliations, des menaces, de sévères restrictions d’accès aux soins médicaux, à l’eau potable et à la nourriture", ainsi qu’à des "châtiments corporels et des pressions psychologiques", selon le parquet général ukrainien.
Le parquet a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête visant le chef du centre de détention, même si ce dernier n’est pas en Ukraine. Il encourt jusqu’à "12 ans de prison", selon cette même source. (...)
Depuis le début de l’invasion, des milliers de civils ukrainiens sont détenus dans des prisons en Russie ou dans des zones occupées de l’Ukraine, où beaucoup subissent tortures et privations de correspondance, selon des ONG et médias