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Mediapart
La France ne répond plus à des enfants palestiniens malades en attente d’évacuation
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #famine #evacuations #enfants
Article mis en ligne le 12 août 2025
dernière modification le 11 août 2025

Selon l’Organisation mondiale de la santé, au moins 12 000 patients sont inscrits sur des listes pour sortir de la bande de Gaza. Parmi eux, Yazan Wadi, 7 ans, et Mira Hamdan, 10 ans, soutenus par MSF et à qui la France ne répond plus. Récit en texte et vidéo.

YazanYazan Wadi est le petit dernier d’une fratrie de cinq, né dans les derniers jours de l’année 2017. « Il est très cher à mon cœur », répète son père, Mohamed Wadi, joint par téléphone depuis le nord de Gaza – Israël interdit l’accès de ce territoire palestinien aux journalistes étrangers depuis plus de vingt-deux mois. Le petit garçon souffre d’une maladie congénitale inconnue ; il a subi de multiples opérations.

Le développement de son cerveau et sa motricité sont affectés. Avant le 7-Octobre, à force de ténacité et après de longues sessions de kinésithérapie, Yazan avait réalisé d’énormes progrès : il marchait. Depuis, « il régresse. C’est encore plus marqué ces derniers mois, soupire son père, un infirmier de 40 ans qui travaille avec l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Son état physique se dégrade rapidement. Son état psychologique est affecté. » (...)

L’infirmier pensait qu’il réussirait à évacuer rapidement son fils de 7 ans, pour raisons médicales. Il a déposé un dossier en mai 2024. Depuis, il attend. (...)

« La France réalise des opérations d’évacuations sanitaires au bénéfice d’enfants blessés ou malades de Gaza dans le cadre d’un système dont les critères et le fonctionnement ont été mis en place et sont gérés par l’OMS et qui est également utilisé par d’autres pays, européens notamment », se contente d’expliquer à Mediapart une source diplomatique. Le Quai d’Orsay ne commente pas les cas individuels.

Le Cogat, l’organe de l’armée israélienne qui gère les affaires civiles pour les Palestiniens des territoires occupés, approuve ou non les évacuations à partir de la liste de l’OMS. Il a indiqué dans une réponse à Mediapart une « augmentation significative » du nombre de patients sortis de Gaza depuis le début de l’année, sans fournir de chiffres exacts. « Le passage est autorisé sous réserve de la soumission d’une demande par un pays tiers hôte, ainsi qu’un contrôle de sécurité », précise l’organe militaire israélien.

« L’année dernière, d’avril à la fin de l’année, c’était un cauchemar, se rappelle Hani Isleem, coordinateur de projet à MSF, qui s’occupe des évacuations médicales depuis Gaza pour l’ONG. Le taux de refus des Israéliens était de 90 %. Quand ils approuvaient les enfants, ils rejetaient les accompagnateurs. Ces refus étaient arbitraires. Mais depuis le cessez-le-feu [entré en vigueur le 19 janvier et rompu par Israël le 18 mars - ndlr], 90 % des demandes sont approuvées. »

12 000 patients coincés (...)

Aujourd’hui, le problème réside surtout dans le fait que peu d’États étrangers accueillent des patients de Gaza. Les chiffres ont encore baissé depuis la fermeture du point de passage de Rafah vers l’Égypte en mai 2024.

MSF a mis presque un an pour évacuer deux Gazaouis vers la France – enregistrés en avril 2024, ils sont arrivés dans l’Hexagone en mars2025.

En ce même mois de mars 2025, l’ONG a déposé le dossier de Yazan et celui d’une autre fillette, Mira Hamdan, qui risque une insuffisance rénale, pour une évacuation vers la France. Après avoir montré un certain intérêt, le ministère des affaires étrangères français ne répond plus aux relances du coordinateur de MSF, Hani Isleem, depuis mai. (...)

L’Hexagone a organisé la sortie d’étudiants, artistes et chercheurs de Gaza, certains avec leurs familles, ces derniers mois. Depuis le début 2025, la France a évacué 292 Palestiniens, selon le ministère des affaires étrangères.

Vendredi 1er août, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a annoncé la suspension des évacuations depuis Gaza vers l’Hexagone. Ses services ont fait face à une vive polémique après qu’ont été exhumées des publications antisémites postées par une étudiante palestinienne sortie du territoire palestinien par les autorités françaises.

Futur oblitéré (...)

Hani Isleem, de MSF, dénonce quant à lui des évacuations « ad hoc ou politiques », destinées à la communication ou à « calmer la colère du peuple ». Il prend ainsi l’exemple de la pédiatre Alaa al-Najjar, qui a perdu neuf de ses dix enfants et son mari dans un bombardement israélien le 25 mai dernier ; un drame largement couvert par la presse internationale. En deux semaines, elle était évacuée vers l’Italie avec son fils Adam, blessé dans l’explosion.

En France, une forte mobilisation a permis l’évacuation de Bashar al-Belbeisi, un danseur blessé lors du bombardement sur le café al-Baqa, le 30 juin dernier, et qui risquait l’amputation. Il est sorti du territoire palestinien le 30 juillet. « À ma connaissance, il est le premier blessé adulte évacué de Gaza vers la France depuis le 7 octobre 2023 », a indiqué la médecin généraliste rennaise Catherine Le Scolan, qui a beaucoup œuvré pour le faire sortir.

Le ministère de la santé palestinien recense plus de 140 000 blessés depuis vingt-deux mois à Gaza. À ces statistiques terrifiantes s’ajoutent les patients atteints de cancer, de maladie chronique ou de pathologie congénitale. Les besoins sont immenses et l’apathie de la communauté internationale condamne des milliers de Palestiniens à une mort lente.

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Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël 

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : GAZA A FAIM : Pour un accès immédiat, sans conditions, à l’aide humanitaire !