Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24/AFP
le Kirghizstan construit des maisons en riz écologiques et économiques
#Kirghizstan #riz #alternatives
Article mis en ligne le 8 juillet 2025

Au Kirghizstan, un nouveau matériau de construction a fait son apparition : les déchets de riz y sont recyclés en parpaings servant à construire à faible prix des maisons naturellement isolées. Une alternative écologique au ciment, dont la production est responsable d’environ 8 % des émissions mondiales.

(...) "J’ai choisi ceux en riz après avoir réfléchi à d’autres variantes : c’est pratique pour la chaleur, les finances et la construction", assure cet habitant de Kyzyl-Kia, dans le sud de ce pays d’Asie centrale.

Avant de se décider, Akmatbek Ouraïmov a d’abord "vérifié de ses propres yeux" ce matériau appelé "balle de riz", obtenu après séparation de la céréale et de son enveloppe. Un matériau qui suscite forcément la curiosité : "Je n’ai aucun doute sur la qualité. Les gens ne connaissaient pas, mais en voyant le chantier, ils s’y intéressent et m’appellent", dit-il à l’AFP. (...)

Cette technique de construction comme alternative au ciment éveille désormais l’intérêt de scientifiques de tous les continents.

Dans plusieurs études universitaires récentes – en Chine, Inde, Espagne ou sur les continents africains et sud-américains –, les experts soulignent les propriétés énergétiques, économiques, physiques et environnementales du riz pour répondre aux défis climatiques. (...)

"Les murs gardent bien la chaleur et la fraîcheur"

Habitant un village situé dans une région montagneuse et aride, Ykhval Borieva a elle aussi opté pour le riz, dont elle loue les propriétés isolantes, démontrées par les scientifiques. (...)

Ces maisons ont vu le jour grâce à l’ingéniosité de Noursoultan Taabaldyev, l’un des précurseurs de ce procédé en Asie centrale.

"Cette idée m’est venue enfant, en faisant de la menuiserie avec mon père", explique l’ingénieux Noursoultan Taabaldyev, qui n’a pas attendu de lire des études scientifiques pour se lancer.

À 27 ans, il a déjà construit "300 maisons" en cinq ans, d’abord avec de la sciure de bois, puis avec du riz.

Les briques sont "composées à 60 % de balles de riz, le reste étant de l’argile, du ciment et une colle sans produits chimiques", montre-t-il à l’AFP. (...)

"Les déchets de riz sont jetés dans les champs, se décomposent lentement, nuisent à l’environnement et ne sont pas utilisés comme engrais. Nous avons donc décidé de les recycler", explique l’entrepreneur.

Une solution qui pourrait se révéler encore plus avantageuse pour les gros producteurs de riz comme l’Inde, où "31,4 millions de tonnes de balles de riz remplissent les décharges et causent des problèmes environnementaux", d’après une étude de novembre 2024, publiée par la société d’éditions scientifiques Springer Nature.

"Les paysans sont ravis que nous emportions les déchets de riz, car leur accumulation créé un risque d’incendie" dans les granges en cas de mauvaise ventilation, poursuit Noursoultan Taabaldyev. (...)

Moins cher que le ciment (...)

L’abondance du riz rend les briques composées de ce matériau moins chères que celles en ciment, un argument crucial dans le sud du Kirghizstan, où le salaire moyen mensuel avoisine les 200 euros.

D’autant que le Kirghizstan est le pays d’Asie centrale où le ciment est le plus onéreux, et pourrait être inscrit sur la liste des produits socialement sensibles, comme le pain ou l’huile, pour en contrôler les prix.