
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde et adressée au Conseil constitutionnel, les professionnels de santé et les associations de patients alertent des dérives que la loi Duplomb pourrait engendrer sur les générations futures. La pétition contre cette loi "dangereuse pour la santé" a déjà franchi la barre des deux millions de signatures.
"La loi Duplomb ne passe pas" auprès des Français, des scientifiques et de "nombreux agriculteurs" car elle est "dangereuse pour la santé de nos concitoyens", affirme mardi 29 juillet une tribune de sociétés savantes et d’associations de patients publiée dans Le Monde. Elles appellent le Conseil constitutionnel à censurer le texte qui permet la réintroduction sous conditions d’un pesticide interdit en France depuis 2018.
"Le Conseil constitutionnel doit constater l’incompatibilité de la loi Duplomb avec le principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement" et ainsi "protéger les générations futures d’un texte qui compromet, sans l’ombre d’un doute raisonnable, la santé des jeunes, des enfants et de ceux à naître", affirment les signataires.
Parmi eux : Fleur Breteau, fondatrice du collectif Cancer Colère, Magali Leo, coordinatrice d’Action Patients, Agnès Linglart, présidente de la Société française de pédiatrie, Maxime Molina, président du directoire de la Fondation pour la recherche médicale, Olivier Coutard, président du conseil scientifique du CNRS ou Gérard Socié, président du conseil scientifique de l’Institut national du cancer.
"Nos règles constitutionnelles peuvent et doivent être interprétées à la lumière des données de la science", argumentent-ils. (...)
Or la loi a été élaborée "en ignorant ce que les professionnels de la santé et les scientifiques connaissent des effets de ces produits sur la santé humaine", pointe la tribune, rappelant qu’en 2021, "l’Inserm a analysé plus de 5 000 articles scientifiques et retenu une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides et la survenue de certains cancers, de troubles neurodégénératifs, pulmonaires, endocriniens".
"Parmi les 53 personnalités auditionnées" au Sénat, on ne trouve "aucun médecin, toxicologue, épidémiologiste", "représentant de l’Inserm, du CNRS, du ministère de la Santé ou du Travail" alors que "les pesticides sont des facteurs reconnus de maladies professionnelles", ni "de la Caisse nationale d’assurance-maladie ou de la Mutualité sociale agricole", égrène la tribune. (...)