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Méditerranée : "Les sauveteurs en mer sauvent aussi notre dignité européenne et notre humanité"
#SosMediterranee #oceanViking #sauvetages #migrants #immigration #solidarite #rescapés
Article mis en ligne le 25 juin 2025
dernière modification le 23 juin 2025

Le documentariste Jean-Baptiste Bonnet a passé six semaines sur l’Ocean Viking, le navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée. Il en a tiré un film, Save Our Souls, qui a été projeté vendredi 20 juin au cinéma à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés. Entretien

(...) La plupart du temps, les équipes effectuent plusieurs sauvetages, mais cela n’a pas été le cas lors mission que j’ai filmée. Il n’y a eu qu’un seul sauvetage. Je ne me suis pas posé la question de savoir si j’allais en garder un seul ou plusieurs en montage puisque le film retranscrit fidèlement le déroulé de la mission, avec ce sauvetage qui est intervenu le 1ᵉʳ avril, dans le dernier tiers du temps de la mission.

RFI : Pourquoi avoir choisi cette étape particulière du périple des naufragés qui souvent viennent de bien plus loin que la Libye ? Pourquoi avoir choisi cette étape sur le bateau en particulier ?

JB.B : Je suis parti de l’hypothèse que le temps à bord, qui est toujours un temps restreint, plus ou moins long – cinq, six jours dans mon cas - est une forme de respiration dans le parcours des rescapés. C’est la première fois dans leur parcours qu’ils vont pouvoir être dans un lieu sûr. Dans un lieu où ils vont pouvoir être en sécurité et entourés par une équipe qui est là pour les protéger et les écouter. Ce qui m’intéressait, c’était de me focaliser sur la relation qui pouvait se nouer dans ce temps relativement court entre les rescapés et les sauveteurs. (...)

RFI : Vous avez parlé d’aventure humaine. Est-ce en lien avec ce titre, Save Our Souls ? Comment les sauveteurs en mer de ce bateau arrivent-ils à sauver plus que les corps des réfugiés ? Comment sauve-t-on la dignité humaine ou l’honneur ?

JB.B : D’une part, sur le titre, je l’ai toujours entendu comme une réciproque. C’est-à-dire, certes, il y a des vies qui sont sauvées, mais je pense que les sauveteurs, quelque part, se sauvent eux-mêmes en faisant ce métier. Et ils sauvent aussi une partie de notre humanité, une partie de notre dignité européenne que les États européens ne garantissent pas puisque les Européens ne font pas ce travail de sauvetage.

Le bateau est un lieu de sécurité, un lieu d’écoute. C’est le lieu où les rescapés peuvent aussi, après leur arrivée, retrouver une forme de dignité. Tout simplement parce qu’on leur donne une place, on les écoute, on partage du temps avec eux, on les considère comme des alter ego. (...)