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France24
"Pas en notre nom" : des Afrikaners dénoncent les accusations de "génocide blanc" par Trump
#AfriqueduSud #Trump #Afrikaners #immigration
Article mis en ligne le 19 novembre 2025

Alors que Washington va favoriser les demandes d’asile des Sud-Africains blancs, un collectif d’Afrikaners a publié une lettre ouverte pour réfuter les accusations de "génocide" avancées par Donald Trump. Une polémique qui ravive les divisions politiques et identitaires au sein du pays.

La riposte s’organise en Afrique du Sud. Face aux déclarations répétées de Donald Trump affirmant que les Afrikaners, descendants des premiers colons européens, seraient victimes d’un "génocide", un collectif d’écrivains, d’universitaires, de chefs d’entreprise et de descendants de figures engagées contre l’apartheid a décidé de rétablir sa vérité.

Dans une lettre ouverte intitulée "Pas en notre nom", ces personnalités assurent qu’aucune "menace existentielle" ne pèse sur les Sud-Africains blancs et dénoncent une instrumentalisation politique.

Le collectif s’alarme surtout du projet migratoire de Donald Trump : son administration a officialisé fin octobre la décision de plafonner l’accueil de réfugiés à 7 500 personnes pour 2026 – contre 125 000 par an sous Joe Biden –, avec une priorité donnée aux Afrikaners. Une mesure qui "a mis notre identité en lumière d’une manière profondément troublante", écrivent-ils, rejetant le récit d’une population blanche persécutée.

Début février, Donald Trump avait déjà signé un décret accordant le statut de réfugié aux Afrikaners, spoliés de leurs terres et persécutés. Depuis, il évoque à intervalles réguliers un prétendu "génocide" de fermiers blancs, que Pretoria a démenti à plusieurs reprises. (...)

"Notre avenir n’est pas menacé"

"Nous sommes utilisés par l’administration Trump pour justifier un programme racial aux États-Unis", dénonce sur France 24, le politologue Piet Croucamp, l’un des initiateurs de la lettre. Le collectif a envoyé son texte à plusieurs sénateurs américains, principalement démocrates. Conscients de prêcher des convaincus, ils espèrent néanmoins que l’opposition démocrate à la politique migratoire de Trump permettra de contrer ces allégations. "Nous devons rétablir les faits : notre avenir ici n’est pas menacé par notre couleur de peau", insiste-t-il.

Le politologue rappelle que les principales victimes des inégalités structurelles, du chômage et de la mauvaise gouvernance restent les Sud-Africains noirs (...)

Les chiffres confirment ces déséquilibres hérités de l’Histoire : si la minorité blanche ne représente qu’un peu plus de 7 % de la population, elle détenait encore 72 % des terres agricoles en 2017, selon des données gouvernementales. Un héritage direct de la colonisation puis de l’apartheid, enjeu auquel les politiques de redistribution tentent de répondre depuis 1994.

Les données policières montrent également que les Blancs ne sont pas plus exposés aux crimes violents que le reste de la population. (...)

Publiée avec 40 signataires fin octobre, la lettre en compte aujourd’hui plus de 1 500. Ses auteurs dénoncent la mise en avant des Afrikaners comme "victimes du multiculturalisme", un discours qui, selon eux, fracture la société sud-africaine et fragilise trois décennies d’efforts de réconciliation.

Ils soulignent également que distinguer les demandeurs d’asile selon leur couleur de peau contrevient aux principes fondamentaux du droit des réfugiés. (...)

Une polémique qui fissure la communauté

Mais leur initiative est loin de faire consensus au sein de la communauté afrikaner. La gauche y voit un rejet salutaire d’une rhétorique victimaire, tandis qu’à droite, certains tentent de discréditer le texte en affirmant qu’il aurait été rédigé avec l’aide d’un responsable gouvernemental – ce qui est partiellement vrai, même si l’intéressé est intervenu à titre personnel.

Parmi les voix critiques figure Ernst Roets, directeur du think tank Lex Libertas – qui milite pour "un système politique viable en Afrique du Sud", selon son site. Pour lui, les signataires sont "complètement déconnectés du vécu quotidien" des Sud-Africains. "Cela fait longtemps qu’une certaine élite intellectuelle s’est éloignée des réalités du terrain", affirme-t-il.

S’il rejette lui aussi le terme de "génocide", Ernst Roets estime toutefois que les inquiétudes mises en avant par Donald Trump ne doivent pas être balayées. "Il existe des preuves tangibles de meurtres de fermiers, de menaces sur la propriété et de persécution des minorités", assure-t-il, regrettant que ces sujets soient "ignorés ou rejetés dans leur intégralité avec pour seule réponse qu’il n’existe pas de génocide." (...)

Les auteurs de la lettre accusent au contraire certains groupes conservateurs – sud-africains ou américains – d’alimenter la théorie complotiste du "grand remplacement" via des slogans comme "Make Afrikaners Great Again", déclinaison sud-africaine du "Make America Great Again" de Trump.

La discrétion des Afrikaners aux États-Unis

Dans le même temps, Donald Trump continue de diffuser un récit de persécution. (...)

Selon le quotidien afrikaans Rapport, près de 400 Sud-Africains blancs auraient obtenu l’asile fin septembre. La plupart préfèrent rester discrets (...)