
Forgé en 2017, le concept de « fémonationalisme » désigne l’instrumentalisation du féminisme à des fins identitaires et détourne les luttes féministes de leur objectif initial : combattre des violences qui traversent toutes les classes sociales.
« On est en train de manger le féminisme de l’intérieur, et d’en créer un nouveau. » Le 6 mars 2025, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, Alice Cordier, présidente de Némésis, affichait sans détour ses ambitions lors d’une soirée organisée par le parti d’extrême droite Reconquête. Fondé en 2019, le collectif Némésis – qui emprunte son nom à la déesse grecque de la vengeance – a fait du féminisme identitaire son credo. Ses actions, revendiquées comme féministes, s’inscrivent dans un mouvement plus large : le fémonationalisme.
Le terme a été forgé par la sociologue américaine Sara R. Farris en 2017 pour décrire l’instrumentalisation des luttes féministes par des partis d’extrême droite dans plusieurs pays européens. Concrètement, le fémonationalisme attribue la responsabilité des violences sexistes et sexuelles aux immigrés, et en particulier aux hommes musulmans.
Ce discours réactive un cliché tenace : celui du viol commis dans une ruelle sombre par un inconnu. Or, la réalité est toute autre : 90 % des femmes victimes de violences connaissent leurs agresseurs, lesquels appartiennent à toutes les sphères sociales, comme l’a récemment rappelé le procès des viols de Mazan.
L’entrisme du fémonationalisme dans les luttes féministes représente un danger : il détourne le combat pour l’égalité vers des logiques identitaires et racistes. (...)