
De nombreux articles soulignent la réaction des associations professionnelles au sujet de la réforme en cours prévue pour être mise en œuvre dès la rentrée prochaine. Cette décision suscite une vive opposition parmi les professionnels du secteur. Elle est présentée par les employeurs comme un levier pour revaloriser les métiers issus des diplômes de niveau VI – assistant de service social, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants, éducateur technique spécialisé et conseiller en économie sociale et familiale. Elle est perçue par de nombreux syndicats et associations comme un nivellement par le bas. Pour eux, le projet actuel, qui prévoit un large tronc commun représentant environ les deux tiers de la formation, menace la diversité et la complémentarité des métiers du travail social. Nombreux sont celles et ceux qui pensent que c’est une façon d’aller progressivement vers la création d’un profil unique de « travailleur social ».
(...) Les organisations professionnelles dénoncent le manque de concertation et la réduction du temps consacré à la spécialisation. Elles insistent sur l’importance de préserver des identités professionnelles distinctes, essentielles à la richesse de l’accompagnement social.
Malgré une ouverture à la concertation promise par la ministre Catherine Vautrin le 17 juin, les discussions ont été brusquement interrompues, laissant les organisations dans l’incompréhension et la défiance vis-à-vis du processus décisionnel.
Du côté des employeurs, la réforme est présentée comme une réponse aux mutations du secteur, permettant d’adapter les formations aux réalités de terrain et de renforcer les compétences transversales. (...)
L’Union nationale des acteurs de la formation et de la recherche en intervention sociale (Unaforis) estime de son côté que la réforme apporte une meilleure lisibilité des formations et un cadre plus cohérent entre spécialisation et compétences communes.
Cependant, pour les professionnels de terrain, l’urgence est aussi ailleurs : ils réclament avant tout une amélioration des conditions de travail et une revalorisation salariale, estimant que l’attractivité des métiers ne dépend pas d’une réforme des diplômes mais bien de la reconnaissance et du soutien apporté aux travailleurs sociaux.
Les organisations professionnelles dénoncent le manque de concertation et la réduction du temps consacré à la spécialisation. Elles insistent sur l’importance de préserver des identités professionnelles distinctes, essentielles à la richesse de l’accompagnement social. (...)
Le point de vue des associations professionnelles et des syndicats :
Le collectif dresse un constat amer sur la réingénierie en cours. Il dénonce une « mascarade de concertation » et une « confiance trahie ». Le 24 juin, des représentants des organisations professionnelles et syndicales ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre Catherine Vautrin. Pour la première fois depuis le début de la réforme, leurs inquiétudes ont été entendues. Le cabinet a alors proposé de reporter le vote à juin 2026, avec une mise en œuvre en septembre 2027. Ceci à condition que les organisations s’engagent dans un travail de coconstruction. Il leur a été demandé de transmettre un calendrier prévisionnel et la liste des sujets à traiter, ce qui a été perçu comme un signe d’ouverture.
Cependant, dès le lendemain, la situation s’est brusquement dégradée. Une réunion du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) a été maintenue, orchestrée avec des acteurs favorables à la réforme, et présentée comme une concertation alors qu’elle visait surtout à légitimer rapidement les nouveaux référentiels. Les organisations critiques n’ont reçu les textes finalisés que la veille au soir, sans possibilité de retour, ce qui bien évidemment vécu comme un déni de démocratie professionnelle. Si certaines avancées sont reconnues, comme l’intégration de compétences transversales (éthique, numérique, développement durable), d’autres aspects des référentiels sont jugés confus ou déconnectés de la réalité des métiers. Les représentants ont rappelé qu’ils ne s’opposent pas à la réforme en soi, mais à la méthode employée, dénonçant le manque de transparence et de respect du terrain.
La rupture de confiance a été consommée lorsque les engagements pris la veille ont été désavoués par téléphone. (...)