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Route des Canaries : la Mauritanie démantèle un réseau de passeurs
#Mauritanie #Canaries #passeurs #migrants #immigration
Article mis en ligne le 26 septembre 2025
dernière modification le 25 septembre 2025

La police mauritanienne a annoncé mercredi le démantèlement d’un réseau de trafiquants qui faisait passer des migrants vers les Canaries via la traversée de l’Atlantique à bord d’embarcations de fortune. Ces derniers mois, les autorités multiplient les arrestations de ce type : entre janvier et avril, 30 000 migrants ont été appréhendés dans le pays et 88 réseaux de passeurs démantelés.

Quinze exilés "en situation irrégulière de différentes nationalités africaines" ont également été arrêtés lors de cette opération, a précisé la police. Ces personnes "séjournaient dans une maison de la capitale Nouakchott" en attendant de tenter la traverser de l’Atlantique. Elles ont été transférées par les autorités dans un centre d’Arafat (à environ 170 km de Nouakchott).

Les trafiquants sont accusés d’avoir organisé le transport de migrants vers les Canaries espagnoles à bord d’embarcations de fortune. Selon le communiqué, "les suspects ont admis avoir collecté 18 millions de ouguiyas mauritaniens [environ 385 000 euros, ndlr]" dans le cadre de ce "réseau criminel actif dans le domaine du trafic illicite de migrants irréguliers", qui faisait venir des exilés "d’un pays voisin".

Lors de cette opération, la police a saisi "une quantité considérable de gilets de sauvetage et de nourriture cachés dans la maison où les migrants ont été appréhendés", peut-on lire dans le communiqué.

"Graves violations des droits humains" (...)

(...) En début d’année, des contrôles ont été menés dans les grandes villes et sur les autoroutes. "Il y a des refoulements tous les jours. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail", racontait en avril à InfoMigrants Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, à Nouakchott.

Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols, selon le média espagnol El Pais.

Un climat de peur s’est installé parmi les étrangers installés dans le pays. Même les personnes régularisées craignent les expulsions. Des travailleurs sénégalais installés légalement dans le pays ont affirmé avoir été eux aussi victimes de cette politique anti-migrants. Et ce, en dépit d’un accord migratoire passé entre Dakar et Nouakchott. (...)

Cette politique est largement dénoncée par les ONG et les instances internationales. Au mois d’août, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait accusé les autorités mauritaniennes de "graves violations des droits humains" à l’encontre de migrants et de demandeurs d’asile entre 2020 et début 2025.

Début septembre, c’est le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme des migrants qui a exhorté Nouakchott à "respecter les normes internationales en matière de droits humains". "Au cours de ma visite, j’ai entendu des témoignages faisant état de cas d’arrestations arbitraires, de détentions prolongées dans des conditions difficiles et d’expulsions collectives sans évaluation individuelle ni accès à une assistance juridique", a déclaré Gehad Madi dans un communiqué. "Je suis également préoccupé par la situation des femmes et des enfants migrants, particulièrement exposés aux risques de violence, de séparation familiale et de vulnérabilité accrue."

En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles. Le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.