Un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile à Epping, près de Londres, devant lequel ont eu lieu cet été des manifestations anti-immigration, pourra continuer à loger des migrants, a tranché mardi la justice britannique, déboutant le conseil local de la ville. Ce mode d’hébergement est vivement critiqué par la population et le gouvernement, qui a promis d’y mettre fin "aussi rapidement que possible".
Cet hôtel avait été le théâtre de manifestations, pour certaines violentes, cet été, après qu’un demandeur d’asile a agressé sexuellement une adolescente de 14 ans et une femme. Cet homme a ensuite été condamné à un an d’emprisonnement et expulsé fin octobre vers son pays d’origine, l’Éthiopie.
Le conseil local de la ville avait cherché à interdire à l’hôtel d’héberger des demandeurs d’asile, en mettant en avant les inquiétudes de la population. Plus de 130 y étaient logés l’été dernier. Il affirmait que le propriétaire de l’hôtel avait enfreint des règles d’urbanisme en logeant des exilés.
Mais un juge de la Haute Cour britannique a déclaré mardi que "la violation [était] loin d’être flagrante". Il a aussi mis en avant "le besoin permanent" d’hôtels pour loger des demandeurs d’asile "afin que le ministère de l’Intérieur puisse remplir ses obligations légales".
35 000 demandeurs d’asile hébergés dans des hôtels
En vertu de la loi sur l’immigration et l’asile de 1999, le gouvernement britannique a l’obligation de fournir un hébergement aux demandeurs d’asile pendant l’examen de leur dossier. Le gouvernement travailliste a promis de ne plus avoir recours aux hôtels pour loger des migrants d’ici 2029, un système très critiqué et jugé trop onéreux. (...)
Le conseil local d’Epping avait obtenu cet été une interdiction temporaire pour l’hôtel d’héberger des demandeurs d’asile. Mais celle-ci avait été levée en appel une semaine plus tard. (...)
Le gouvernement, sous pression sur le sujet de l’immigration face à la montée de l’extrême droite, "fermera tous les hôtels pour demandeurs d’asile", a-t-il promis. "Nous travaillons à le faire aussi rapidement que possible dans le cadre d’un programme planifié. Ce jugement nous permet de le faire", a ajouté le porte-parole du Home Office.
Un système "inefficace, chaotique et coûteux"
Avec ce système, le Royaume-Uni dénote en Europe. "Bien que de nombreux pays aient commencé à utiliser des formes d’hébergement temporaires depuis 2015 afin de faire face à l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile, telles que des salles de sport et d’événements, d’anciens bâtiments scolaires, des bateaux et des hôtels, le Royaume-Uni se distingue parmi les pays européens par son recours massif et transparent aux hôtels pour l’hébergement des demandeurs d’asile", souligne The Migration observatory (un département de recherche de l’université d’Oxford) dans un rapport consacré au sujet publié en août dernier. (...)