
Une attaque de drone menée vendredi par les paramilitaires a tué au moins 75 personnes dans un camp de déplacés près d’El-Fasher, au Darfour. Assiégée depuis plus de 500 jours, cette ville sous contrôle de l’armée régulière abrite environ 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, selon l’ONU.
Au moins 75 personnes ont été tuées vendredi 19 septembre dans une attaque de drone des forces paramilitaires sur une mosquée dans un camp de déplacés près d’El-Fasher au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où celles-ci poursuivent leur offensive pour chasser l’armée régulière, selon des secouristes locaux.
Chef-lieu du Darfour-Nord, El-Fasher est la dernière grande ville de la vaste région du Darfour encore sous contrôle de l’armée soudanaise, plus de deux ans après le début de la guerre entre les forces régulières et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Si la ville devait tomber, les FSR contrôleraient totalement le Darfour, où l’ONU et les ONG ont déjà dénoncé des exactions de masse, notamment visant certains groupes ethniques.
L’attaque meurtrière des FSR a visé vendredi le quartier d’al-Daraja, où s’étaient réfugiés des civils qui avaient fui le camp de déplacés d’Abou Chouk, surpeuplé et en proie à la famine, selon la Cellule d’urgence du camp. Un "drone explosif" a pris pour cible une mosquée où étaient rassemblés des déplacés. "Les corps ont été retirés des décombres", a expliqué ce groupe de secouristes locaux.
Le camp se situe à quelques kilomètres à peine de la ville d’El-Fasher, assiégée par les FSR depuis 18 mois.
Les FSR n’ont pas commenté dans l’immédiat. (...)
Parallèlement à cette attaque, le haut-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU s’est inquiété vendredi de l’intensification du conflit au Soudan, avec une forte augmentation des civils tués dans un contexte de "violence ethnique accrue" et d’aggravation de la crise humanitaire.
"L’ethnicisation croissante du conflit, qui repose sur des discriminations et des inégalités de longue date, pose de graves risques pour la stabilité et la cohésion sociale à long terme dans le pays", a averti Volker Türk, dans un communiqué sur un rapport qui porte sur les six premiers mois de l’année. (...)
Des exactions de masse redoutées
Les organisations humanitaires craignent des exactions de masse en cas de prise de la ville par les paramilitaires, en particulier contre les communautés non arabes, comme l’ethnie des Zaghawa, pilier des Forces conjointes alliées à l’armée.
"Les quartiers d’El-Fasher seront maculés du sang de ces massacres bien avant que la communauté internationale" ne réagisse, a déclaré Shayna Lewis, membre de l’ONG Avaaz. (...)
Selon les derniers témoignages d’habitants qu’elle a recueillis, la situation est "catastrophique", a-t-elle ajouté. Et depuis mercredi soir, l’organisation n’a pu joindre personne dans le Darfour-Nord, sous le coup d’une coupure générale des communications. (...)