Amine Messal a été condamné à 300 euros d’amende avec sursis, le 19 novembre, pour une action sur le Tour de France en soutien à la Palestine. L’activiste écologiste, figure de la lutte contre l’A69, envisage de faire appel.
Deux pays, deux visions politiques. Tandis que le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez exprimait, mi-septembre, son « admiration » pour les manifestations propalestiniennes ayant perturbé le Tour d’Espagne, la justice française, elle, a condamné le 19 novembre un militant pour une action similaire.
Le 16 juillet, Amine Messal, un jeune activiste de 27 ans, fait irruption près de la ligne d’arrivée de la 11e étape du Tour de France à Toulouse. L’ingénieur, qui termine un diplôme d’économie à l’université Paris-Saclay, court alors sur quelques mètres avec un t-shirt portant l’inscription « Israel Out of the Tour » (« Israël hors du Tour »), avant d’être plaqué au sol par un membre de la sécurité qui lui assène plusieurs coups au visage.
Amine passe alors vingt-quatre heures en garde à vue, avant de recevoir une convocation devant le tribunal judiciaire de Toulouse le 19 novembre. « Mon action avait pour but de donner de la visibilité à la cause palestinienne et de dénoncer la participation de l’équipe Israel-Premier Tech au Tour de France. Après l’invasion de l’Ukraine en 2022, les instances sportives avaient exclu sans tarder la Russie de toutes les grandes compétitions. Je voulais aussi pointer du doigt ce double standard », résume l’activiste à Reporterre, quelques minutes avant l’audience. Une petite boucle en forme de pastèque, symbole du mouvement de solidarité avec la Palestine, est accrochée à son oreille. (...)
Devant le tribunal, une centaine de personnes est rassemblée en soutien au jeune militant. Des rameaux d’olivier sont brandis et de nombreux keffiehs sont noués autour des cous. (...)
Amine Messal est également l’un des visages de la lutte contre l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Ce combat rejoint, selon lui, celui de la solidarité avec le peuple palestinien. « Je considère qu’à la racine du mouvement écologiste, il y a la question coloniale. On ne peut pas être écologiste et ne pas combattre l’impérialisme qui conduit à l’accaparement des ressources et des territoires. C’est la même logique sur le dossier de l’A69, sans la dimension raciste et coloniale, mais on s’approprie quand même des terres contre l’avis de la population locale et pour des intérêts privés, affirme-t-il. Les gens qui s’étonnent de voir Greta Thunberg avec un keffieh palestinien n’ont pas compris la racine du problème écologique. » (...)
« Une telle répression traduit une fragilité de l’État » (...)
Pour appuyer la défense, deux témoins sont appelés à la barre, notamment Bertrand Heilbronn, de l’association France Palestine Solidarité, qui rappelle le contexte au moment des faits, en juillet. (...)