La direction des Centres de contrôle et de prévention des maladies était dans un désarroi stupéfiant mercredi soir après que l’administration Trump a renvoyé la directrice de l’agence quelques heures après qu’elle ait refusé de démissionner sous la pression.

La directrice, Susan Monarez, a déclaré qu’elle résistait au fait d’être évincée par le plus haut responsable de la santé du pays, Robert F. Kennedy Jr, pour des raisons politiques après environ un mois en poste.

"Lorsque la directrice du CDC, Susan Monarez, a refusé d’entériner des directives non scientifiques et imprudentes et de licencier des experts en santé dévoués, elle a choisi de protéger le public plutôt que de servir un agenda politique. C’est pour cela qu’elle a été prise pour cible", ont déclaré ses avocats, Mark Zaid et Abbe Lowell.

"Le Dr Monarez n’a pas démissionné et n’a pas reçu de la Maison Blanche la notification de son licenciement. En tant que personne intègre et dévouée à la science, elle ne démissionnera pas", ont ajouté les avocats, qui n’ont pas répondu à une demande de commentaire.

La Maison-Blanche a répliqué peu après en mettant officiellement fin aux fonctions de Mme Monarez.

"Comme l’indique très clairement la déclaration de son avocat, Susan Monarez n’est pas en phase avec le programme du président, qui consiste à rendre l’Amérique à nouveau saine. Étant donné que Susan Monarez a refusé de démissionner bien qu’elle ait informé la direction du HHS de son intention de le faire, la Maison-Blanche l’a démise de ses fonctions au sein du CDC", a déclaré Kush Desai, porte-parole de la Maison-Blanche.

Peu après minuit jeudi, M. Zaid a répliqué en déclarant sur Bluesky : "En tant que personne nommée par le président et confirmée par le sénat, seul le président lui-même peut la licencier". Il a ajouté qu’elle restait directrice du CDC.

Cette volée a clôturé une soirée de spectacle public au CDC. Tout a commencé vers 17 h 30, lorsque le ministère de la santé et des services sociaux, qui supervise le CDC et que dirige Mme Kennedy, a déclaré sur X que "Monarez n’était plus directrice" de l’agence. "Nous la remercions pour les services dévoués qu’elle a rendus au peuple américain", poursuit le communiqué.

Cela a provoqué un exode quasi immédiat des dirigeants du CDC, qui est chargé de protéger la santé publique de plus de 300 millions de personnes aux États-Unis.

Au moins quatre hauts fonctionnaires ont annoncé leur démission, dont le Dr Debra Houry, médecin en chef, le Dr Demetre Daskalakis, directeur du Centre national pour l’immunisation et les maladies respiratoires, le Dr Daniel Jernigan, directeur du Centre national pour les maladies infectieuses émergentes et zoonotiques, et le Dr Jen Layden, directrice du Bureau des données, de la surveillance et de la technologie en matière de santé publique.

M. Kennedy, militant anti-vaccins de longue date, a été un personnage controversé à la tête des agences de santé du pays. Il a supprimé 500 millions de dollars de contrats portant sur le développement de vaccins à ARNm, ce qui a suscité de vives critiques de la part de la communauté scientifique et d’anciens fonctionnaires. Sous sa direction, le ministère de la santé et des services sociaux a pris, ces dernières semaines, un certain nombre de décisions en matière de politique vaccinale qui limitent l’accès aux vaccins ou remettent en question leur sécurité.

Les fonctionnaires qui ont démissionné se sont fait l’écho de certains de ces sentiments. Dans sa lettre de démission, M. Daskalakis écrit : "Je ne suis pas en mesure d’assumer ce rôle plus longtemps en raison de la militarisation continue de la santé publique".

La lettre de démission de M. Houry évoque la diffusion continue de fausses informations sur les vaccins.

"Récemment, l’exagération des risques [des vaccins] et la montée de la désinformation ont coûté des vies, comme en témoignent le plus grand nombre de cas de rougeole aux États-Unis depuis 30 ans et la violente attaque contre notre agence", écrit-elle.

Le personnel du CDC s’est dit choqué par ces développements.

"Ces personnes sont les meilleures du secteur. Ils connaissent leur métier", a déclaré un membre du personnel du CDC qui a requis l’anonymat par crainte de représailles. "Je suis stupéfait de la rapidité avec laquelle tout cela s’est produit.

Ces départs interviennent à un moment tumultueux pour l’agence.

Le 8 août, un homme armé a brisé les fenêtres de six bâtiments du campus du CDC à Atlanta. Un policier est mort dans la fusillade. Plusieurs jours après la fusillade, M. Monarez a tenté de rassurer le personnel lors d’une réunion virtuelle.

"Nous savons que la désinformation peut être dangereuse", a-t-elle déclaré lors de cette réunion, selon une transcription obtenue par NBC News. "Non seulement pour la santé, mais aussi pour ceux qui nous font confiance et ceux à qui nous voulons faire confiance. Nous devons rétablir la confiance ensemble".

L’employé du CDC a déclaré que, bien que Mme Monarez n’ait pas été à la tête de l’organisation depuis longtemps, elle "semblait défendre assez fermement les intérêts des employés du CDC. Elle a été la seule à prendre la fusillade au sérieux".

Le président Donald Trump n’a fait aucune déclaration publique sur la fusillade.

En mars, M. Trump a choisi M. Monarez pour diriger le CDC. Les travaux antérieurs de Mme Monarez portaient sur l’utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer la santé. Avant de rejoindre les CDC, Mme Monarez était directrice adjointe de l’Agence des projets de recherche avancée pour la santé, une agence de financement de la recherche axée sur les innovations biomédicales. Le Sénat a confirmé sa nomination fin juillet.

Vendredi, M. Monarez a annulé une réunion avec les membres du personnel du CDC qui était prévue pour lundi. Cette réunion devait porter sur les problèmes de sécurité et les mesures de renforcement de la sécurité après la fusillade.

"Malheureusement, nous devons reporter la réunion de lundi en raison d’une réunion du HHS à laquelle on m’a demandé d’assister en personne à Washington", a écrit M. Monarez dans un courriel adressé aux membres du personnel du CDC et dont NBC News a pris connaissance.

Le Dr Mandy Cohen, ancienne directrice du CDC sous la présidence de Joe Biden, a déclaré : "Nous avons perdu des dirigeants exceptionnels qui ont servi le monde entier : "Nous avons perdu des dirigeants exceptionnels qui ont servi pendant plusieurs décennies et sous plusieurs administrations. L’affaiblissement du CDC nous rend moins sûrs et plus vulnérables en tant que pays".

Michael Osterholm, expert en maladies infectieuses et directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses de l’université du Minnesota, a déclaré dans un communiqué que ces "départs constituent une perte grave pour l’Amérique".

"La perte d’experts en maladies infectieuses expérimentés et de renommée mondiale au CDC est directement liée à l’échec de la direction des extrémistes actuellement en charge du ministère de la santé et des services sociaux", a-t-il déclaré.

Osterholm est en train de lancer le Projet d’intégrité des vaccins comme alternative potentielle au Comité consultatif sur les pratiques d’immunisation du CDC. En juin, M. Kennedy a renvoyé les 17 membres de l’ACIP et les a remplacés par des personnes de son choix, dont plusieurs sceptiques à l’égard des vaccins du Covid.

Avec le licenciement de M. Monarez, l’agence revient à l’état de manque de direction dans lequel elle se trouvait depuis la plus grande partie de la nouvelle administration Trump. Le choix initial de M. Trump pour le poste de directeur, le Dr David Weldon, a été retiré de la liste des candidats quelques heures avant son audition de confirmation en mars. M. Weldon, ancien membre du Congrès de Floride, avait l’habitude de remettre en question la sécurité des vaccins.

Mme Monarez a été brièvement directrice par intérim de l’agence avant d’être nommée à la place de M. Weldon.