La troisième Convention citoyenne de l’ère Macron a rendu ses recommandations dimanche 23 novembre. Consacrée aux temps de l’enfant, elle entend notamment réformer les rythmes scolaires et suscite de nombreuses réactions. Mal accueillies par les syndicats enseignants, ses propositions ont-elles un avenir ? Ses organisateurs espèrent les imposer dans le débat des municipales 2026 et de la présidentielle 2027.
La question de l’avenir des propositions du rapport de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant est posée dès le manifeste introductif. Les 133 citoyennes et citoyens tirés au sort pour participer à cet exercice démocratique affirment que leur rapport "ne doit pas être un rapport de plus" qui finit sur une étagère et préviennent qu’ils seront "vigilants sur les suites données à [leur] travail".
Lancée au printemps à la demande du président de la République Emmanuel Macron, la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant est la troisième du genre à être organisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) après la Convention citoyenne sur le climat (2019-2020) et la Convention citoyenne sur la fin de vie (2022-2023).
Or, les citoyens qui viennent d’achever leur mission, au terme de sept sessions de trois jours, du 20 juin au 23 novembre 2025, ont en tête les expériences précédentes et savent que celles-ci n’ont pas toujours donné lieu à une transposition politique concrète de leurs propositions. (...)
Vives critiques des syndicats enseignants
Les réactions aux propositions citoyennes n’ont en effet pas manqué et ont été particulièrement vives, en particulier chez les syndicats enseignants. Le rapport final propose notamment d’instaurer cinq jours d’école pleins par semaine, de consacrer les matinées aux cours théoriques et les après-midis aux enseignements plus pratiques et d’alléger les apprentissages et les devoirs à faire à la maison, tout en conservant le même volume de vacances scolaires. Mais pour le Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), cette vision conduirait à une "impasse organisationnelle" et à une "école au rabais" avec un "zapping permanent" dont les effets "seraient particulièrement défavorables aux élèves les plus en difficulté".
Le Snalc (syndicat enseignants minoritaire dans les collèges et lycées) est encore plus sévère. Il juge de son côté que les 4 millions d’euros qu’a coûté la Convention citoyenne sont "4 millions d’euros jetés par la fenêtre". "L’ensemble du rapport est complètement déconnecté de ses conditions de réalisation et du fonctionnement réel de notre pays", déplore-t-il. (...)
"Je trouve étonnant d’attaquer un rapport qui reprend les principales revendications des syndicats concernant la revalorisation salariale des enseignants ou la réduction du nombre d’enfants par classe, répond Kenza Occansey. Ces réactions sont le symptôme de débats mal posés depuis des décennies, de réformes imposées et dont les enseignants sont les victimes. Je les invite à lire le rapport dans son intégralité. Ils verront qu’il est exigeant et ambitieux tout en étant responsable. La situation actuelle n’est plus tenable pour les enfants, il faut que ça change."
Les "rythmes scolaires sont inadaptés aux rythmes biologiques des enfants", constate le rapport, les enfants subissant "un modèle de société valorisant la productivité et la performance", avec des temps libres "de plus en plus rares" et une omniprésence des écrans aux "conséquences majeures sur leur santé, leurs apprentissages, leur développement".
Au-delà des critiques, le contexte politique ne joue pas non plus en faveur de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Celle-ci a été mise en place par un Premier ministre, François Bayrou, qui a depuis été renversé et remplacé par Sébastien Lecornu, qui ne sait pas combien de temps il restera à Matignon. Les ministres concernés – Éducation nationale, Familles, Sports, Jeunesse et Vie associative notamment – ne sont plus les mêmes. Les contraintes budgétaires ne favorisent pas les investissements nécessaires pour de tels changements. Et l’Assemblée nationale est toujours aussi divisée.
"La France est en décalage"
Le CESE a toutefois obtenu du gouvernement que les ministères concernés travaillent sur les propositions et rendent un avis d’ici deux semaines. Une fois ce travail interministériel effectué, la remise officielle du rapport sera alors organisée et des premières réponses seront attendues. (...)