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Le Grand Continent
Thaïlande — Cambodge : cinq points sur la géopolitique d’une frontière explosive
#Thailande #Cambodge #frontieres #CIJ
Article mis en ligne le 30 juillet 2025
dernière modification le 27 juillet 2025

1 — Des tensions à l’escalade

L’explosion des tensions entre la Thaïlande et le Cambodge ce jeudi 24 juillet couvait depuis le début de l’année autour de quelques zones frontalières dont le tracé est mal délimité — secteurs de Prasat Ta Muen Thom, puis du Triangle d’Émeraude — et dans un contexte de surenchère politique (...)

Le 23 juillet, soit la veille du début des hostilités, le gouvernement thaïlandais a accusé le Cambodge d’avoir posé de nouvelles mines terrestres à la frontière, causant des incidents graves (dont la perte d’une jambe) à au moins deux militaires thaïlandais le 16 juillet.

2 — Quel est le point de vue du Cambodge ?

Convoquée à la suite de l’escarmouche mortelle du 28 mai, une réunion de la Commission mixte des frontières Cambodge-Thaïlande s’est tenue le 14 juin à Phnom Penh afin de discuter des questions frontalières. (...)

Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a déclaré dans un message publié vendredi 13 juin qu’il s’agissait de la première réunion de cette commission après une interruption de 12 ans. Il a indiqué qu’à cette occasion, son pays aurait invité la Thaïlande à saisir la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye à propos de quatre zones frontalières contestées, à savoir Mom Bei, le temple Ta Moan Thom, le temple Ta Moan Tauch et le temple Ta Krabei. (...)

Mardi 2 juillet, une délégation d’experts internationaux est arrivée au Cambodge pour discuter du dépôt des affaires devant la CIJ. (...)

3 — Quel est le point de vue de la Thaïlande ?

La Thaïlande sait qu’elle n’a en effet aucune possibilité de gagner cherche donc à éviter de se présenter devant la Cour, tout en continuant de faire perdurer sa prétention aussi longtemps qu’elle le pourra. Le Cambodge a naturellement le réflexe inverse. (...)

4 — Les trois sources d’une rivalité géopolitique frontalière (...)

5 — Quelles voies de sortie ?

Les problèmes liés aux frontières doivent être considérés comme des questions techniques (tracés, cartographie de référence, accords antérieurs, bonnes pratiques et précédents de règlement) et traités comme tels, avec l’appui d’experts 10. Il est donc essentiel de les dépolitiser, car les opinions publiques sont binaires et rétives à la complexité sur ces sujets.

Ce nouveau recours à la CIJ marque un changement par rapport à la position traditionnelle du Cambodge, qui privilégie une politique de négociation pacifique fondée sur le principe de l’uti possidetis juris, afin d’éviter le recours à la CIJ, le cas de Preah Vihar constituant une exception. Il avait convenu que l’arrêt de la CIJ en 2013 constituait un cas d’espèce et que son application avait été reportée d’un commun accord, en raison de la situation politique en Thaïlande. Sur le fond, il faudra bien que les deux pays négocient même après un éventuel arrêt de la CIJ qui serait défavorable pour la Thaïlande.

Bangkok peut mettre en avant la nécessité d’une relation apaisée et rappeler que, en tant que membres de l’ASEAN, les deux pays sont liés par un traité d’amitié et de coopération les engageant à régler pacifiquement leur conflit. La Malaisie, qui assurera la présidence de l’ASEAN en 2025, pourrait être impliquée, même si le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures est une règle.

Les mécanismes existants pour les négociations bilatérales devraient permettre de trouver un compromis plus fiable. (...)