Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Une agence pro-Orbán a mené une campagne numérique occulte pour le RN en France
#extremedroite #Orban #X #propagande #RN #ingerences #UE #algorithmes
Article mis en ligne le 6 juillet 2025
dernière modification le 4 juillet 2025

Des contenus ont été diffusés sur le réseau social X en ciblant les internautes sur la base de critères politiques, ce qui est interdit par les réglementations françaises et européennes.

La première conférence de presse du nouveau président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a confirmé la préoccupation des autorités françaises pour les risques grandissants d’« ingérences » dans les prochaines élections. « La commission va être très attentive à ce sujet, nous avons développé une veille spécifique sur les réseaux sociaux et avons organisé un premier séminaire avec Viginum », le service étatique qui lutte contre les opérations de déstabilisation numérique étrangères, a expliqué mardi 1er juillet Christian Charpy, nommé à la tête de la CNCCFP en mai. (...)

Du scandale Cambridge Analytica en 2017 aux bots russes utilisés lors du scrutin européen de juin 2024, les signaux se multiplient sur l’industrialisation des stratégies d’influence sur Internet. En 2024 et 2025, une agence de communication liée à la Hongrie de Viktor Orbán a financé, sur le réseau social X du milliardaire états-unien Elon Musk, une opération occulte de promotion des idées du Rassemblement national (RN), d’après les données que l’organisation non gouvernementale AI Forensics a partagées avec Mediapart. Basée à Paris, l’ONG est spécialisée dans l’analyse des algorithmes développés par les plateformes. (...)

En vertu de l’application du Digital Services Act (DSA, règlement européen sur les services numériques), elle a obtenu la communication des archives de X montrant que des contenus d’un compte relativement confidentiel, « Brussels Signal », ont été largement diffusés sur la base de critères politiques, ce que la législation interdit pourtant.

Concrètement, les publications de l’agence, qui se réfère à des positions de l’extrême droite européenne, ont été adressées, dans une douzaine de pays dont la France, aux utilisateurs du réseau social particulièrement sensibles à des mots clés politiques, notamment liés au Rassemblement national.

Comme d’autres réseaux sociaux, X offre la possibilité aux entreprises de cibler des publics particuliers, moyennant rémunération. Mais cette pratique est strictement régie par la législation européenne. (...)

Le mutisme du RN

Également propriétaire du cabinet de conseil FWD Affairs, Patrick Egan est, d’après des médias hongrois, un relais de la stratégie européenne de l’autocrate, lequel agit en parrain de l’extrême droite européenne, comme lors de son meeting commun avec Marine Le Pen, en juin dans le Loiret. (...)

Pour Paul Bouchaud, à la tête de la recherche chez AI Forensics, les données récoltées prouvent « qu’il s’agit clairement d’un ciblage idéologique, avec des publics spécifiques à atteindre et convertir, dans un but de propagande ». Ce qui contrevient clairement, d’après Paul Bouchaud, au DSA à l’échelon européen, au règlement général de protection des données (RGPD) en France mais aussi à la politique interne censée être défendue par le réseau social X.

Des précédents existent. Comme le rappelle le dernier rapport de AI Forensics, publié en juin, le contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a rendu une décision, en décembre 2024, constatant que la Commission européenne avait illégalement ciblé des publicités ciblant les citoyen·nes en utilisant des données personnelles « relatives à leurs opinions politiques ». Dans ce cas, il s’agissait de campagnes de communication excluant explicitement les mots clés « Marine Le Pen », « Viktor Orbán », mais aussi « QatarGate » ou « corruption ».

Concernant le RN, des réseaux prorusses avaient fait sur X la promotion de sa candidature aux européennes en juin 2024, comme l’avait raconté Mediapart. Tandis que Marine Le Pen avait dans un premier temps dénoncé un « mensonge » et « du n’importe quoi », le parti avait finalement reconnu l’information, précisant ne pas être à l’origine de ce qu’il qualifiait même d’« opération de déstabilisation ».