
Aux Canaries, la justice a ordonné la libération d’un groupe de Sénégalais retenus par les autorités qui souhaitaient procéder à leur expulsion. Ces migrants arrivés d’une façon peu commune et extrêmement dangereuse, accrochés à une barge remorquée par un bateau, disposent d’un mois pour tenter d’obtenir une autorisation légale d’entrée en Espagne.
Seules 44 personnes sur les 49 ont été déférées en justice. Et pour cause : l’une se trouvait à l’hôpital, deux ont demandé l’asile à la frontière, tandis que deux mineurs isolés ont été pris en charge par les services espagnols de protection de l’enfance
"Un énorme vide juridique"
Pourquoi les autorités ont-elles envisagé immédiatement la rétention (qui peut durer, en Espagne, jusqu’à 60 jours) de ces 44 personnes restantes ? Parce qu’elles ne sont pas arrivées comme d’habitude, à savoir dans de frêles embarcations détectées par les garde-côtes espagnols qui les escortent à quai. (...)
L’un des avocats du groupe rapporte à l’agence de presse EFE que ses clients sont partis du Sénégal, arrivés en Mauritanie, et ont embarqué avec un grand groupe dans un cayuco - sorte de petite pirogue - depuis les côtes mauritaniennes.
Après s’être perdus en mer depuis sept jours, certains ont aperçu le navire néerlandais - baptisé Zwerver 3 - et profité de sa lenteur pour monter à bord de la structure qu’il remorquait, précise un second avocat. Celle-ci se trouvait à environ 400 mètres du bateau principal, raison pour laquelle l’équipage ne les aurait pas vus au départ, selon cette version.
On ne sait pas ce qu’il est advenu du reste du groupe demeuré sur le cayuco. L’un des 49 exilés a confié à son avocat que son frère était mort pendant cette traversée en cayuco, précise EFE.
Un navire destiné à la Belgique
Le navire était à destination du port d’Anvers en Belgique. Il avait quitté Dakar dix jours plus tôt. Vendredi 8 août au matin, l’équipage a contacté le port d’Arrecife pour demander l’autorisation d’accoster, signalant avoir trouvé 49 passagers clandestins à bord de la barge qu’il remorquait, raconte EFE.
Après plusieurs heures, la capitainerie a autorisé le débarquement. À leur arrivée, les 49 Sénégalais ont été mis à l’abri sous des tentes prévues à cet effet dans le port d’Arrecife. Mais, considérés comme irréguliers par les autorités, ils ont été retenus là dans l’attente de la décision judiciaire de lundi. La justice devait en effet trancher sur la légitimité de les placer dans un centre d’enfermement pour étrangers dédié (CIE, pour Centro de Internamiento de Extranjeros), en vue de leur renvoi. (...)