Alors que les ministres des différents États entrent dans l’arène des négociations lundi 17 novembre, le sommet onusien n’a jusqu’à présent donné lieu à aucun engagement significatif sur trois sujets cruciaux : l’adaptation, les financements climat à destination du Sud et la fin des énergies fossiles.
L’inquiétude grandit dans l’enceinte de la COP30. Alors que s’ouvre une semaine hautement politique pour les cinq derniers jours du sommet climat, avec l’arrivée des ministres pour clôturer les négociations, l’état des pourparlers à mi-parcours s’apparente à un vaste chantier qui a pris du retard.
Dès le début de la grande messe climatique, le 10 novembre, André Corrêa do Lago, le président de la COP30, a décidé de séparer les discussions techniques, rapidement fixées à l’agenda officiel des négociations, des points de discorde politique.
Ces derniers portent sur quatre sujets, travaillés depuis une semaine au travers de consultations menées par la présidence brésilienne auprès des délégations :
- l’ambition climatique ;
- l’obligation inscrite dans l’accord de Paris pour les « pays développés » de fournir des ressources financières aux États « en développement » face aux dérèglements climatiques ;
- le lien entre commerce et climat ;
- et enfin la question de la méthodologie des rapports biennaux sur la transparence – soumis par les pays, ils rendent compte des progrès réalisés en matière de politique climatique, et étaient censés être remis fin 2024.
À mi-parcours, le sommet onusien n’a jusqu’à présent donné lieu à aucun engagement significatif sur trois sujets cruciaux : l’adaptation, les financements climat à destination du Sud et la fin des énergies fossiles. (...)
« La finance est au cœur de tous les blocages. Ce qu’on entend monter à Belém, c’est la volonté de mobiliser les banques multilatérales de développement. Toutefois, ce sont des établissements qui demandent des retours sur investissements, ce qui peut exclure de facto les pays endettés, tels ceux du continent africain », alerte Selma Huart, chargée de plaidoyer inégalités climatiques à Oxfam.
Une nouvelle coalition ?
Seul modeste progrès notable : les pourparlers s’intensifient concernant la rédaction d’un plan de sortie des énergies fossiles. Dans le sillage du discours d’inauguration du président Lula, appelant à l’élaboration de « feuilles de route » pour abandonner le pétrole, le gaz et le charbon, une coalition de pays comprenant le Brésil, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark, la Colombie et le Kenya a émergé ces derniers jours pour esquisser les contours d’une fin mondiale des énergies fossiles.
Actuellement, une soixantaine de pays seraient prêts à rallier l’initiative. « Sur les feuilles de route, chacun y voit un peu ce qu’il veut, cela reste assez flou. Mais la question peut vite devenir très technique : comment les pays producteurs comme les États consommateurs de combustibles fossiles feront pour transitionner et avec quel argent ? », s’interroge Marta Torres Gunfaus, de l’Iddri.
Le 15 novembre, dans les rues de Belém, des dizaines de milliers de manifestants et manifestantes ont marché pour rappeler aux diplomates de la COP30 que l’urgence climatique et l’extractivisme fossile impactaient en premier lieu les populations les plus précaires.
Face à cette semaine qui s’annonce à haut risque pour le multilatéralisme climatique, Simon Stiell a, lors d’une plénière tard le soir du 15 novembre, exhorté les pays à « se retrouver dans les couloirs » car « il n’y a tout simplement pas de temps à perdre ».