Infomigrants s’est rendu dans des centres qui accueillent des migrants mineurs non accompagnés à Trieste et Monfalcone, en Italie. Les résidents confient leurs expériences et comment ils envisagent leur vie future dans le pays.
Youssef, 17 ans, est arrivé d’Égypte par la route des Balkans début janvier 2025. Il dit avoir voyagé avec un ami. "J’ai pris l’avion depuis l’Égypte vers les Émirats arabes unis, puis vers la Turquie, explique-t-il à InfoMigrants, en italien. Ensuite, je suis allé en Grèce en bateau, puis en Albanie, en Bosnie, en Croatie, en Slovénie et enfin en Italie. Je suis venu ici pour travailler et aider ma famille."
Youssef n’avait que 16 ans lorsqu’il s’est lancé sur la route de l’exil. En Egypte, il a travaillé pendant plusieurs années dans le secteur automobile, il se verrait bien rester dans ce domaine en Italie. Mais le temps presse. En décembre prochain, il aura 18 ans et ne pourra plus prétendre à une place d’hébergement dans le centre de Monfalcone, au nord-est de l’Italie, près de la frontière slovène.
Le jeune homme explique rechercher un appartement et un emploi. Il appris l’italien grâce aux cours dispensés par la coopérative Duemilauno, qui gère le centre où il vit.
Youssef fait partie des quelque 16 500 mineurs migrants non accompagnés actuellement enregistrés en Italie, selon les données du gouvernement italien. La majorité de ces mineurs sont des garçons (88 %) et ont pour la plupart 16 ou 17 ans à leur arrivée. Ceux âgés de 7 à 14 ans ne représentent que 15 % des arrivées. (...)
Sur son site internet, le gouvernement italien reconnaît que tous les mineurs étrangers non accompagnés, qu’ils soient arrivés en Italie par des voies régulières ou irrégulières, ont droit à un hébergement, généralement fourni par les municipalités locales qui travaillent en collaboration avec des associations, des organisations caritatives et des coopératives comme Duemilauno.
Ces structures inscrivent les mineurs isolés à l’école ou leur proposent des formations s’ils ont plus de 16 ans. Un travailleur social ou tuteur leur est attribué pour les représenter et les aider à naviguer dans le système administratif.
Les mineurs non accompagnés ont également accès aux services de base et d’urgence du système de santé publique italien. Ils se voient ensuite délivrer un permis de séjour qui couvre leur séjour en Italie jusqu’à l’âge de 18 ans. Ce permis doit ensuite être renouvelé ou converti en fonction des situations personnelles.
Si le type de permis de séjour peut varier en cas de demande de protection, tout mineur a le droit de rester sur le territoire et d’être pris en charge dans des structures spécialement prévues pour eux.
"Les gens arrivent en continu, il y a beaucoup de turn-over" (...)
A leur arrivée, les résidents passent un bilan de santé et sont assistés pour effectuer les premières démarches pratiques et administratives et éventuellement déposer une demande d’asile en Italie.
"Auparavant, la grande majorité des résidents étaient afghans, mais cela a changé. Aujourd’hui, nous avons un public plus varié. Beaucoup d’Egyptiens. Nous avons également des enfants originaires du Kosovo, de Tunisie, du Maroc, d’Algérie, ainsi que des Kurdes, des Turcs et des Syriens" confirme Sergio Serra. (...)
"Ces deux dernières années, les jeunes qui arrivent ici ont tendance à être un peu plus âgés qu’auparavant. C’est particulièrement vrai pour ceux qui viennent du Kosovo", explique Sergio Serra. Or, une fois majeurs, ces jeunes devront quitter le système de protection sociale réservé aux mineurs. "Cela pose un problème, car nous ne parvenons pas à leur offrir beaucoup d’aide, à les former ou à les intégrer, faute de temps."
"En cas de nombreuses arrivées, beaucoup de jeunes restent un jour ou deux, puis s’enfuient. Aujourd’hui, la situation s’est beaucoup calmée, et la plupart des jeunes ont tendance à vouloir rester plus longtemps avec nous", note Sergio Serra.
Plus longtemps peut signifier plusieurs années, comme dans le cas d’Alessio, originaire d’Albanie. Environ un tiers des jeunes se trouvent dans son cas. (...)