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Mediapart
Après l’assassinat de Charlie Kirk, figure du mouvement Maga, Trump s’en prend à la « gauche radicale »
#USA #Trump #MAGA #CharlieKirk
Article mis en ligne le 13 septembre 2025
dernière modification le 11 septembre 2025

L’activiste Charlie Kirk, 31 ans, a été assassiné mercredi sur le campus d’une université de l’ouest des États-Unis. Il s’était imposé comme une figure centrale du mouvement Maga, chargé de relayer la parole de Donald Trump auprès de la jeunesse.

Il était la rock star du mouvement Maga (« Make America Great Again »), avait dit un jour un des fils de Donald Trump. Depuis mercredi 10 septembre, Charlie Kirk, soutien fervent du président états-unien et activiste d’un conservatisme offensif, en est devenu le martyr après son assassinat dans l’État de l’Utah à l’âge de 31 ans.

Ce chrétien évangélique originaire de la banlieue de Chicago – qui avait construit au fil des années un mouvement ultraconservateur très influent auprès des jeunes, appelé Turning Point USA – est mort après avoir été grièvement blessé au cou par balle, alors qu’il s’adressait depuis un podium installé sous une tente, à une foule de 3 000 étudiant·es à l’université de la vallée de l’Utah, à Orem. (...)

Il y animait un des meetings par lesquels il s’était fait connaître dans tout le pays, des tournées qu’il avait inscrites dans une bataille culturelle contre la gauche. Il estimait que l’avortement était comparable à un meurtre et que l’Amérique était une nation chrétienne, et invitait le public étudiant à débattre sur toutes sortes de questions. Le slogan ? « Prouvez-moi que j’ai tort » (« Prove me wrong »).

Selon les autorités, le tireur, qui n’a pas encore été interpellé, aurait tiré depuis un toit vers l’esplanade sur laquelle Kirk était en train de parler.

Drapeaux en berne

Le président Donald Trump, qui a lui-même réchappé à une tentative d’assassinat le 13 juillet 2024 durant la campagne électorale, a annoncé son décès sur son réseau social Truth Social (...)

Il a ordonné que tous les drapeaux soient mis en berne jusqu’à dimanche soir à la Maison-Blanche, sur les bâtiments publics et dans les ambassades, en l’honneur de son ami.

Mercredi soir, dans une adresse vidéo de quatre minutes, le président états-unien lui a rendu hommage et évoqué « un moment sombre pour l’Amérique ». « Je suis rempli de chagrin et de colère face à l’assassinat odieux de Charlie Kirk, a-t-il dit, assis dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche. Charlie a inspiré des millions de personnes et ce soir, tous ceux qui le connaissaient et l’aimaient sont unis dans le choc et l’horreur. »

Charlie Kirk a été touché peu après le début de l’événement, à la mi-journée, selon des vidéos, alors qu’un étudiant l’interpellait sur un sujet d’actualité instrumentalisé par l’extrême droite trumpienne afin de diaboliser la communauté transgenre, la tuerie dans une église commise par une femme transgenre. (...)

Charlie Kirk, proche de Donald Trump, était le « héros et héraut des jeunes trumpistes depuis 2016 », souligne Maya Kandel, autrice de Une première histoire du trumpisme (Gallimard, 2025) et chroniqueuse régulière de Mediapart. « Il a beaucoup fait pour le ralliement des jeunes, il était très influent et connecté à la Maison-Blanche », poursuit-elle.

Des trumpistes en pleurs et en colère (...)

Dans sa vidéo, Donald Trump a rappelé la tentative d’assassinat dont il a été victime et s’en est pris à « ceux de la gauche radicale [qui] pendant des années ont comparé des Américains merveilleux comme Charlie à des nazis et aux plus grands meurtriers de masse et criminels du monde ». (...)

Son ancienne rivale démocrate à l’élection de 2024, Kamala Harris, a estimé que « la violence politique n’a[vait] pas de place en Amérique ». Tout comme Joe Biden, Barack Obama, Bernie Sanders ou encore le gouverneur de Californie Gavin Newsom ont appelé à mettre fin à ces violences.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police était toujours à la recherche de l’auteur du tir. Deux personnes ont été interpellées, puis relâchées après avoir été interrogées.

Si l’histoire des États-Unis est émaillée de violences politiques, la polarisation actuelle de la société et les tensions qui en découlent peuvent aller jusqu’au meurtre dans un pays où le port et la détention d’armes sont protégés par le deuxième amendement de la Déclaration des droits. En juin, dans le Minnesota, un homme armé a tué Melissa Hortman, représentante démocrate de l’État, et son mari.

Mercredi soir, le New York Times jugeait que la violence politique que connaissent certains pays d’Amérique latine était « désormais une réalité quotidienne aux États-Unis, tout comme les fusillades dans les écoles qui autrefois choquaient la conscience nationale ». Et que l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole par les trumpistes pour renverser le résultat de la présidentielle avait marqué ce « moment où la violence politique est devenue une partie largement acceptée de la culture américaine ».