
Total. Raffineries, engins de forage pétrolier, fracturations hydrauliques, oléoducs, exploitation de gisements, pipelines, combustion d’hydrocarbures… Pourquoi, en dépit des conséquences désastreuses pour le climat, les géants de l’industrie pétrolière ont-ils continué leurs activités polluantes ? Pour une raison simple : la création et l’accumulation de profits à travers l’extraction et la combustion des énergies fossiles. (...)
Nous subissons aujourd’hui les conséquences de leurs mensonges.
Total est fréquemment mise en cause pour les émissions de gaz à effet de serre de ses activités pétrolières et gazières, responsables du réchauffement climatique. L’entreprise débourse plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année, d’une part en lobbying pour contrer les politiques de lutte contre le réchauffement climatique, d’autre part en communication en faveur de ses investissements dans les énergies renouvelables. Une stratégie mise en place durant des années par la multinationale pour échapper à sa responsabilité écologique.
TotalEnergies est la 17e entreprise dans le classement des entreprises les plus polluantes du monde. (...)
La fabrique du doute, l’aveuglement volontaire des industriels fossiles avant l’an 2000
La toute première alerte date de 1959. En 1959, le réchauffement climatique dû à l’usage des produits fossiles est considérée comme possible. Une deuxième alerte a lieu en 1968, le réchauffement climatique en raison de l’usage des produits fossiles devient alors une hypothèse considérée comme sérieuse. Les multinationales pétrolières sont directement alertées des risques climatiques engendrés par leurs activités avant les années 1970.
L’année 1971 marque la confirmation. L’industrie pétrolière sait désormais qu’il n’y a plus de doute possible : la combustion des énergies fossiles accélère le réchauffement du climat. Dès 1971, Total savait alors que ses activités pétrolières auraient des conséquences catastrophiques sur le climat. La conséquence du danger du réchauffement climatique concerne aussi Shell, Exxon, Esso…
Les alertes scientifiques ne vont malheureusement pas aboutir à un changement de cap de l’industrie pétrolière. Bien au contraire, les multinationales capitalistes vont opter pour un choix climaticide, celui du renforcement de l’immobilisme des dirigeants pendant 40 ans. Une étude parue dans Global Environnemental Change a permis de montrer comment Exxon a délibérément menti.
Cette étude s’appuie sur des travaux , des recherches d’archives et des entretiens et décrit comment Exxon, multinationale américaine et les autres grandes entreprises pétrolières ont réagi à l’évolution de la science et de la politique climatique au cours des 50 dernières années. (...)
Les dirigeants d’Exxon avaient reçu des avertissements sur le potentiel d’un réchauffement climatique catastrophique de ses activités dès 1971, ils se sont davantage intéressés à la question dans les années
1980, et ont commencé à promouvoir le doute quant à la base scientifique du réchauffement climatique à la fin des années 1980 en payant des scientifiques prétendument indépendants afin de discréditer les connaissances élémentaires émergentes quant au réchauffement climatique. Les climatologues furent alors accusés de perpétuer de fausses croyances. Ce choix délibéré, par la perversité de sa diversion, a entraîné un véritable retard dans la prise en compte et l’anticipation des risques découlant du réchauffement.
C’est par l’intermédiaire de l’International Petroleum Industry Environmental Conservation Association (IPIECA), qu’Exxon a coordonné une campagne internationale visant à contester la science du climat, les climatologues et à affaiblir la politique climatique internationale, à partir des années 1980.
En 1992, l’industrie pétrolière ainsi que d’autres industriels privés empêchent la ratification d’un accord international à Rio en faisant volontairement échouer la Convention cadre sur le climat lors du Sommet de la Terre. (...)
En 1999, la navire pétrolier Erika affrété par Total fait naufrage. 20 000 tonnes de fioul se déversent sur plus de 400 km de cotes de la Bretagne à la Charente. 300 000 oiseaux meurent. Total fut condamné par la Cour de Cassation en 2012 pour « préjudice écologique ». Il s’agissait surtout d’un écocide. On assiste aujourd’hui (et il était temps) à une multiplication des actions en justice contre la multinationale polluante. (...)
Des mensonges à l’écoblanchiment, du déni à la « stratégie verte » après l’an 2000
Une phase d’hypocrisie et de cynisme succède désormais à la phase de mensonges. En 2000, Total et Elf fusionnent et continuent d’obstruer les décisions qui tendent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Désormais, Total Energies est un acteur du greenwashing et organise stratégiquement son irresponsabilité climatique avec des engagements volontairement dérisoires. (...)
Informer et agir pour les droits humains, la biodiversité et le climat
Depuis que le changement climatique est devenu une, si ce n’est la, préoccupation majeure du XXIème siècle, que les connaissances de base sont acquises et que toutes les informations liées au réchauffement climatique sont très facilement accessibles en librairie, en assistant à des conférences, en regardant des documentaires ou en naviguant sur Internet, on s’accorde désormais pour que les citoyens et le législateur mettent tout en œuvre pour empêcher une fin de siècle suffocante et invivable.
Records de chaleur, feux de forêts, montée des eaux, inondations meurtrières, fonte des glaces, fonte du permafrost, amplification des catastrophes naturelles, canicules, sécheresse, raréfaction de l’eau… Nous subissons aujourd’hui le chaos climatique en raison des choix antérieurs et actuels des milliardaires.
La réduction des gaz à effet de serre, la volonté collective d’en finir avec le déni du réchauffement relève aujourd’hui plus de l’instinct de survie qu’une simple réaction logique à un problème écologique, notamment pour les générations futures. (...)
Les émissions de CO2 ont augmenté de 68 % au niveau mondial depuis 1990, nos choix politiques sont vitaux (...)
L’autre voie, celle de la planification écologique populaire, pacifique, progressiste, humaniste et altermondialiste, est en revanche salvatrice. Elle comprend la perpétuation, la transmission et l’adaptation à notre temps des causes les plus justes et, en premier lieu, la protection de notre planète.
Alors, que faire ?
Dénoncer publiquement les campagnes de greenwashing, agir collectivement contre l’écoblanchiment, déployer massivement les énergies renouvelables, taxer les super profits et augmenter le montant de l’imposition des compagnies gazières et pétrolières afin de financer la planification écologique, interdire les fracturations hydrauliques, nationaliser les entreprises les plus polluantes comme Total afin de les transformer en entreprises réellement vertes et vertueuses. Les démanteler en cas de refus d’une bifurcation écologique. C’est le scénario le plus optimiste pour qui veut réduire au maximum les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique pour l’avenir de l’humanité. (...)
Le réchauffement est mondial, la lutte doit être globale
La montée de l’extrême-droite climato-sceptique ou minimisant les conséquences du réchauffement et son arrivée au pouvoir dans plusieurs pays a en revanche de quoi inquiéter. On observe à chaque fois que plus l’extrême droite progresse, plus la thématique du réchauffement climatique recule. Ce qui intéresse principalement des entreprises comme Total ? Le profit. Ce qui intéresse principalement l’extrême droite ? La haine de l’autre. (...)
À nous de nous débarrasser des multinationales polluantes comme des idées nauséabondes afin de pouvoir réussir à vivre en harmonie avec la nature et les êtres humains. Cessons collectivement de fermer les yeux sur les activités de Total et faisons tout ce que nous pouvons pour que plus aucun projet fossile ne puisse voir le jour, en France comme ailleurs.